Polynésie : À Paris, une rencontre autour du « tapa », étoffe végétale océanienne, animée par Hinatea Colombani et Miriama Bono

©Charles Baudry / Outremers360

Polynésie : À Paris, une rencontre autour du « tapa », étoffe végétale océanienne, animée par Hinatea Colombani et Miriama Bono

Hinatea Colombani, artiste et fondatrice du centre culturel Ari’oi, et Miriama Bono, directrice du Musée de Tahiti et des îles, ont organisé ce mercredi à Paris une rencontre autour du « tapa », cette étoffe ancestrale océanienne faite à partir d’écorce.

Cette rencontre, qui a eu lieu à la Délégation de la Polynésie française à Paris, était organisée en marge d’un déplacement de Hinatea Colombani et Miriama Bono à Rome, Paris et Londres, dans le cadre de travaux de recherches sur cette étoffe d’écorce battue, qui aux temps anciens, tenait une place particulière dans les sociétés insulaires océaniennes.

« L'idée, c'était d’aller voir les collections (de tapa anciens, ndlr) conservées en Europe, à Rome, à Paris, avec le musée du Quai Branly, évidemment. Ensuite, Hinatea ira au musée de Cambridge et au British Museum » a expliqué Miriama Bono. Hinatea Colombani évoque une « rencontre avec nos anciennes pièces ».

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« Il y a encore beaucoup de choses à apprendre de notre patrimoine. Il y a aussi beaucoup de patrimoine qui nous attend dans les musées et dans les réserves, et il ne tient qu'à nous de revenir les voir et de pouvoir en tirer un enseignement » ajoute Miriama Bono. « On s'est rendu compte également qu'on aidait les équipes des musées à faire le lien entre certains objets, certaines techniques et teintures », abonde Hinatea Colombani qui souligne un « pont des pratiquants avec les experts scientifiques des musées ».

À travers le centre culturel Ari’oi, Hinatea Colombani travaille sur le tapa depuis 8 ans. En début d’année, elle a notamment participé à plusieurs sessions de workshops traditionnels et artistiques à Auckland, en Nouvelle-Zélande, avec un groupe de tapa makers originaires de toute l’Océanie. Par la suite, elle s’est rendue en Australie où elle a exposé, pour la première fois, des pièces de tapa à la Biennale de Sydney.

À droite : Hinatea Colombani, fondatrice du centre culturel Ari'oi ©Charles Baudry / Outremers360

« En huit ans, plus de 2 000 personnes ont été sensibilisées au tapa », au centre culturel Ari’oi. « À notre petite échelle, avec nos petits moyens, on a réussi à impacter. Notre objectif, c'est d'inspirer maintenant la sphère publique ». Avec son conjoint Moeava Meder, Hinatea Colombani travaille en effet sur une étude de préfaisabilité pour « l’élaboration d’une filière dédiée au tapa en Polynésie française, sous le prisme de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) », avec le soutien de l’AFD, du Service de l’artisanat traditionnel de la Polynésie française, du Haut-Commissariat de la République et de la Banque Socredo.

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« Le tapa a un réel impact social. Il réunit les gens et il va réunir encore une fois. Comme il réunissait aux temps anciens, il va réunir sur l'avenir. Notre rêve, c'est que toutes les familles polynésiennes se réapproprient les gestes et aient encore ces outils-là à la maison » explique Hinatea Colombani.

« Il y a un regain d'intérêt pour tout ce savoir-faire traditionnel et cet intérêt s'organise au niveau du Pacifique, où on assiste à un partage des connaissances », ajoute Miriama Bono, qui évoque les Tonga et les Samoa qui « ont plus l'habitude de fabriquer du tapa ». « Il y a vraiment une synergie globale à l'échelle du Pacifique sur le tapa, mais aussi dans d'autres domaines de reconquête du patrimoine culturel ».