La Réunion : une distillerie fournit 2000 foyers en énergie verte chaque année à partir de la vinasse puis du biogaz

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La Réunion : une distillerie fournit 2000 foyers en énergie verte chaque année à partir de la vinasse puis du biogaz

La distillerie Rivière du Mât, située à Saint-Benoît, est l’une des plus anciennes distilleries de l’île de La Réunion. Elle produit du rhum depuis 1886. Après avoir ouvert un premier méthaniseur en 2012, permettant de recycler plus de la moitié de la vinasse produite, un second méthaniseur a vu le jour en 2020, suivi en 2022 d’une unité de cogénération fabriquant de l’électricité à partir du biogaz, fournissant quelque 2000 foyers réunionnais en énergie verte chaque année.

 

C’est la plus grande distillerie de l’île, sur un site de cinq hectares. En 2011, l’usine a amorcé une démarche qu’elle souhaite écoresponsable : valoriser la vinasse issue de la distillation de la canne à sucre en énergie verte et en matière fertilisante. Auparavant, les résidus étaient rejetés en mer. « Un premier méthaniseur a ouvert en 2012 permettant de recycler plus de la moitié de la vinasse produite sur le site. Face aux résultats encourageants, un second méthaniseur a été mis en service en 2020, suivi, en 2022, d’une unité de cogénération fabriquant de l’électricité à partir du biogaz », indique l’ADEME, l’Agence de la transition écologique.

Aujourd’hui, précise-t-elle, le biogaz produit par la méthanisation de la vinasse est excédentaire : la distillerie produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Le biogaz est utilisé en chaudière pour produire de la vapeur afin de chauffer les colonnes à distiller. Selon la Rivière du Mât, le site économise ainsi jusqu’à 90% de la consommation d’énergie fossile. « L’unité de cogénération de vapeur et d’électricité construite en 2022 permet non seulement le traitement de 100% des effluents de la distillerie, mais également la valorisation énergétique et agronomique des coproduits des unités de méthanisation. La cogénération de biogaz est innovante sur le territoire réunionnais ».

Le processus de distillation est énergivore, mais l’usine est passée de la consommation de 1500 m3 de fioul par an à moins de 70 m3 aujourd’hui. Le projet, porté par Saint-Benoît Énergies Vertes, permet de doubler la production de biogaz et de produire de l’électricité par cogénération, pour alimenter 2000 foyers réunionnais en énergie verte chaque année, tout en assurant les besoins thermiques (vapeur) de l’usine.

« Mais le processus vertueux ne s’arrête pas là », souligne l’ADEME. « En produisant le biogaz, les méthaniseurs libèrent des boues fertilisantes : parfois rejetées en mer, elles sont ici réutilisées dans les champs de canne voisins, permettant aux agriculteurs de réduire de moitié leur utilisation d’engrais chimiques. » Le fertilisant est dénommé Ferticanne, et la distillerie travaille avec une centaine de planteurs, totalisant quelque 1000 hectares de cannes et de prairies. Au final, 20% de l’électricité produite sur le territoire en 2023 l’a été à partir de biogaz, brûlé et réinjecté dans le réseau EDF.

Le site bénéficie du label assURE pour le maintien du système de management de l’énergie. « Face à la crise énergétique actuelle, le programme assURE est un allié pour les industriels de La Réunion dans la réduction de leur consommation d’énergie et de leur impact environnemental », relève l’usine. L’Association pour le Développement Industriel de la Réunion (ADIR), anime le programme depuis sa création, avec le soutien et la collaboration de l’ADEME, de la Région Réunion et d’EDF à la Réunion.

Selon la Rivière du Mât, le programme assURE lui permet de suivre en temps réel ses consommations énergétiques par usage (électricité, vapeur, air comprimé, eau). Elle a ainsi réalisé 40% d’économies sur les postes d’air comprimé et de climatisation, et 30% d’économies de fioul. L’ADEME précise que le projet permet de produire 7700 MWh d’électricité par an, pour un coût global de 14,3 millions d’euros, dont 900 000 financés par l’Agence.

 

PM