Simon Kofe, ministre des affaires étrangères de l’État de Tuvalu a enregistré son intervention pour le sommet sur le climat avec de l’eau jusqu’aux genoux. Une façon d’interpeller les dirigeants mondiaux sur les conséquences concrètes des changements climatiques, et de leur inaction, pour les nations insulaires. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Comment se faire entendre dans le grand concert des nations lorsqu’on est le pays avec le plus petit PIB du monde, et qu’on ne compte que 11 600 habitants. Plutôt qu’un long discours, le Tuvalu a choisi la force de l'image et du symbole. Son ministre de la Justice, des Affaires étrangères et de la Communication, Simon Kofe, est apparu à la COP26 les pieds dans l’eau. « La déclaration juxtapose le cadre de la COP26 avec les situations réelles auxquelles Tuvalu est confronté, et souligne les mesures audacieuses prises par Tuvalu pour répondre aux questions très pressantes de la mobilité humaine dans le cadre du changement climatique », a expliqué son ministère.
5 mètres de haut, et 50 ans d’espérance de vie
La 26e conférence mondiale sur le climat a lieu à Glasgow, en Ecosse, jusqu’au 12 novembre, et les dirigeants de toute la planète y sont réunis – ou y interviennent à distance – pour négocier de nouveaux engagements pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Des émissions qui poussent à la hausse les températures terrestres et qui, parmi une foule de conséquences désastreuses prévues par les scientifiques, induisent une montée des eaux dans les prochaines décennies partout autour du globe.
Les territoires insulaires comme la Polynésie ou Tuvalu, qui totalise 26 kilomètres carrés de terres émergées, réparties sur six et trois îles basses, et qui culmine à moins de 5 mètres d’altitude, font partie des plus exposés à ce risque. Certains scientifiques estiment que l’archipel, qui se trouve au Nord de Wallis-et-Futuna, pourrait tout simplement disparaître d’ici 50 ans, et ses dirigeants, comme leurs homologues d’autres petites nations insulaires, travaillent déjà à des scénarios de « relocalisations ». Simon Kofe a d’ailleurs enregistré cette déclaration dans le cadre d’un groupe de travail sur les mobilités humaines causées par les changements climatiques.
« Le dernier compromis possible »
Covid oblige, les petites nations du Pacifique n’ont pu envoyer que très peu de représentants au sommet, mais elles sont déterminées à se faire entendre. « Les îles disparaissent – nous coulons littéralement », avait ainsi déclaré un représentant de l’Alliance des petits États insulaires, Aosis, à son arrivée à Glasgow. Plus combative, la jeune samoane Brianna Fruean a lancé un appel à l'action, en déclarant : « nous ne nous noyons, nous nous battons » devant les chefs d'États.
Un des enjeux du sommet est de conserver l’objectif le plus difficile de l’accord de Paris, signé en 2015 à la COP21, à savoir limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. « Pour certains pays, 1,5°C peut sembler exagéré, pour nous, c’est le dernier compromis possible », a déclaré à l’agence Reuters un représentant de Fidji.
Dans un contexte où les dirigeants mondiaux sont plus concentrés sur la gestion du Covid, la crise des finances publiques ou la relance économique, que sur l’urgence climatique, cette COP26 est déjà présentée comme un « échec » par plusieurs militants écologistes, dont la jeune Greta Thunberg. Ce samedi 6 novembre d’importantes manifestations citoyennes et étudiantes ont eu lieu à Glasgow et dans de nombreuses capitales.
Charlie René pour Radio 1 Tahiti