Dans le salon d'honneur du Palais-Royal, la Ministre de la Culture Rachida Dati a présidé ce mercredi 17 décembre la cérémonie d'inclusion de nouveaux élements à l’Inventaire national du Patrimoine culturel immatériel (PCI), en présence de nombreux représentants d'associations défendant ces savoirs et pratiques culturels, venant de l'Hexagone mais aussi des outre-mer. Durant cette cérémonie, trois territoires ultramarins ont été mis à l'honneur : Les quadrilles créoles de la Guadeloupe, la broderie du Cilaos à La Réunion et Mayotte avec les savoirs et pratiques ancestrales de la production de sel de bandrélé, le debaa ainsi que le tani malandi de Chirongui.
« Lorsqu'on pense patrimoine, on pense bien souvent monument historique (église, châteaux) mais Il existe un patrimoine inestimable qui se transmet de génération en génération, qui est un faiseur de liens», a précisé Rachida Dati, la ministre de la Culture en introduction de cette cérémonie. Lancé en mars 2008, l'Inventaire national du Patrimoine culturel immatériel vise à répertorier des pratiques vivantes grâce à l'aide de communautés, de groupes et d'individus. Le PCI ou « patrimoine vivant » désigne les pratiques sociales et culturelles transmises de génération en génération au sein d’une communauté (savoir-faire artisanaux, musiques et danses, fêtes et carnavals, savoir-faire et pratiques sociales culinaires, jeux et sports traditionnels, connaissances liées à la nature...). Témoin de la diversité culturelle, le PCI fait le lien entre patrimoine matériel et naturel en contribuant à la transition écologique et au développement des droits culturels.
«Les Outre-mer sont à l'honneur cette année. De nombreuses candidatures acceptées témoignent du dynamisme de ces territoires. Aux côtés des quadrilles de la Guadeloupe, il y a les jours ou broderie de Cilaos de La Réunion, les connaissances- méthodes et pratiques traditionnelles liées à la fabrication du sel de Bandrélé, le debaa des femmes et les savoir- faire et pratiques liés au tani malandi de Chirongui. Les traditions ultramarines à La Réunion et à Mayotte honorées cette année mettent particulièrement à l'honneur» a déclaré Rachida Dati.
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« Nos cultures sont belles et riches et doivent être visibles»
Tous les lauréats ultramarins ont décrit « leur fierté » vis-à-vis de cette inclusion de leurs arts culturels au sein de l’Inventaire national du Patrimoine culturel immatériel (PCI), C'est le cas de la chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal qui milite depuis plusieurs années pour la valorisation des quadrilles créoles de la Guadeloupe. « C'est un jour de joie car c'est un travail de longue haleine. Nous sommes au combat depuis 2016 avec une spectacle de danse tournée dans l'hexagone. (...) Le travail n'est pas terminé, ce n'est qu'un début car nous devons inscrire les fiches d'inventaire pour la Martinique et la Guyane. C'est une récompense pour nous amener à aller beaucoup plus loin dans la démarche.» a indiqué Chantal Loïal. « Il faut garder la foi de nos traditions, en France et partout dans le monde. Il faut que la transmission ne se perde pas, que nos cultures qui sont belles et riches puissent être visibles». Les quadrilles créoles de Guadeloupe est le cinquième élément guadeloupéen inscrit dans l'inventaire nationale du PCI après le gwoka (2012), le bouladjel (2013), le carnaval en kabwèt (2014), les chants de labour dans les pratiques et rituels du charronnage ancestral sur l'île de Marie-Galante (2020) et « Véyé asi granfon »- jeux et traditions des veillées funéraires des grands fonds inscrits en 2024.
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« Fierté pour des femmes d'excellence »
Après la reconnaissance du « Rod lo geb» en 2023, c'est la broderie du Cilaos de La Réunion qui fait son entrée ce 17 décembre dans l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Sonia Chane-Kune, conseillère technique de la présidente de la Région Réunion et Eric Allendroi, chargé de mission à l'inventaire du patrimoine immatériel à la Région Réunion étaient présents à cette cérémonie pour recevoir le certificat d'inclusion. « Aujourd'hui, c'est une très belle distinction avec cette inclusion au classement au patrimoine culturel immatériel. C'est un art qui remonte à plus d'un siècle, pratiquée à Cilaos. Grâce aux brodeuses de Cilaos, cette commune rurale est connue dans le monde entier. C'est une reconnaissance pour les professionnelles car on compte de meilleurs ouvriers de France parmi ces brodeuses de Cilaos. Notre souhait est que cette distinction soit une impulsion pour développer, faire connaître et encourager la transmission de cette activité à laquelle on tient beaucoup ». admet Sonia Chane-Kune.
Pour Eric Alendroit, cette reconnaissance est une fierté pour « des femmes d'excellence, ce sont des femmes qui ont du courage, de la rigueur car la pratique est exigeante. C'est une fierté aussi pour la Réunion pour être dans cet inventaire national». A ce jour, ce sont 8 savoirs et pratiques culturelles réunionnais répertoriés dans l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel.

Les Femmes mahoraises au coeur des pratiques culturelles du debaa, de la fabrication du sel et du tani malandi
Avec les savoirs et pratiques ancestrales de la production de sel de bandrélé, le debaa ainsi que le tani malandi de Chirongui, Mayotte est la région française qui inscrit plusieurs pans et symboles de sa culture cette année. « Identifier, valoriser et préserver le patrimoine de ce beau département est un gage de foi en l'avenir de l'île, une promesse de reconstruction et de jours meilleurs», a souligné la ministre de la Culture, qui a rappelé les efforts mis en oeuvre par le gouvernement pour la sauvegarde du patrimoine de l'île, après le passage dévastateur du cyclone Chido. Ces trois nouveaux savoirs et pratiques culturelles viennent étoffer la liste du patrimoine culturel mahorais déjà répertorié comme le Maluwida shenge en 2022 et le Mbiwi en 2023.
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« C'est une très bonne chose car cela montre que Mayotte est française mais aussi que nos cultures, nos pratiques sont reconnus par la France. Cela nous permet de mieux préserver ces cultures .... C'est une vraie reconnaissance après le passage du cyclone Chido, Mayotte a besoin de ce genre de reconnaissance » explique Zouhourya Mouayad Ben, 4ème vice-présidente du Conseil départemental de Mayotte en charge des Sports, culture et de la jeunesse.
Oumi Aymane Fanayna Ousseni, membre active de l'association Madrassati Toiyaria De M'tsangadoua (Acoua) pratique dès son plus jeune âge le debaa. Cette inclusion du debaa à l'inventaire national revêt une « émotion » forte pour cette jeune mahoraise qui a été bercée par les chants et danses du debaa, par le biais . « C'est une évidence pour moi de pratiquer le debaa. Aujourd'hui, j'essaie d'exporter et de valoriser la culture mahoraise à travers le debaa. A Mayotte, le debaa est une pratique féminine qui a sa place partout. C'est le vivre-ensemble et la convivialité », conclut Oumi Aymane Fanayna Ousseni.
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