Date historique de la Nouvelle-Calédonie. Ce 1er septembre 2021 restera dans les annales du territoire, date à laquelle le chef Ataï et son sorcier Dao ont été inhumés à Fonwhary, 143 ans après les événements. Une reconnaissance de l'histoire Kanak, de l'histoire commune, entre acceptation du douloureux passé et volonté d'un vivre-ensemble contemporain.
Le chef Ataï et son sorcier Dao rejoignent enfin le mausolée en leur honneur sur les terres de Fonwhary, 143 ans après son assassinat par un auxiliaire kanak, mandaté par les Français, alors en lutte pour la colonisation et le contrôle du territoire.
Après des années de demandes et de négociation, c'est finalement le 28 août 2014 que les crânes d'Ataï et d'Andja ont été remis officiellement aux clans de l'aire coutumière Xaracuu.
Nombre de représentants étaient présents en ce jour historique, qui a été lancé par une cérémonie de coutume entre l’État et les représentants coutumiers. Patrice Faure, haut-commissaire de Nouvelle-Calédonie, a déclaré dans son discours : « Il y a 143 ans, on était l’un en face de l’autre. Maintenant, nous sommes les uns à côté des autres ». Yvon Kona, président du Sénat Coutumier, dira quant à lui : « Au nom de cette terre et des propriétaires de ces terres, on vous dit merci. Merci pour votre soutien et votre présence. Cela fait 143 ans que les ancêtres se sont battus pour cette reconnaissance ».
Transportés devant une haie d'honneur, les cercueils étaient amenés au sein du caveau devant une foule émue, consciente de ce moment historique pour le territoire. Les représentants politiques de tous les horizons ont salué unanimement cette journée qui fera date, prônant l'importance du devoir de mémoire, parfois douloureuse, et voyant en ce jour si particulier un acte d'une réconciliation, d'un vivre-ensemble, rendu possible malgré l'histoire parfois houleuse qui lie les populations de Nouvelle-Calédonie. Une « journée historique marque le départ d’après » dira Nicolas Metzdorf, en tant que maire de La Foa.
Après un moment de recueillement, de prière et de chants traditionnels, une plaque commémorative portant le nom des 32 colons tués durant la grande révolte kanak était également installée, comme pour rappeler les blessures communes du passé, terreau de réconciliation d'un avenir tourné vers le destin commun.
Damien Chaillot