Dans un communiqué, la grande chefferie de Gureshaba, à Maré, interdit aux non-indépendantistes de venir y défendre l’accord de Bougival. Pas de quoi intimider le député Nicolas Metzdorf, qui organise son déplacement à Nengone. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
À Maré, les non-indépendantistes pourraient avoir du mal à venir défendre le projet d’accord de Bougival. Dans un communiqué daté du 1er août, la grande chefferie de Gureshaba informe de sa décision « d’interdire la tournée d’information des non-indépendantistes du projet d’accord de Bougival dans le royaume de Gureshaba. »
L’aéroport de La Roche étant situé dans ce district, les signataires non-indépendantistes ne sont donc pas autorisés par les autorités coutumières à y atterrir, « ceci afin d’éviter tout débordement, affrontement et manipulation », ajoute le communiqué.
Cette décision, le grand chef Hippolyte Sinewami la justifie par « la douleur des parents » causée notamment par le meurtre par balle, le 15 mai 2024, à Nouméa, de Jybril, un jeune homme de 19 ans originaire de Gureshaba, abattu par un civil. « Des procédures judiciaires sont en cours et nous attendons beaucoup de la justice », poursuit le communiqué. Le grand chef insiste : « Pour le moment, Bougival, c’est non ! Il y a encore trop de tensions, trop de déceptions. »
« J’ai encore plus envie d’y aller »
Chahuté la semaine dernière à Lifou par quelques manifestants, interdit aujourd’hui à Maré, Nicolas Metzdorf, député loyaliste de la première circonscription (Nouméa et îles Loyauté) ne se laisse pas intimider. « Bien sûr que j’ai prévu d’aller à Maré et j’ai encore plus envie d’y aller depuis que j’y suis interdit. Je suis en train d’organiser ça avec mes équipes pour démontrer que tous les Calédoniens sont chez eux en Calédonie ».
La décision de la grande chefferie interroge sur la façon dont les défenseurs de Bougival, indépendantistes comme non indépendantistes, vont pouvoir aller défendre leur position face à des populations souvent hostiles à ce projet.
« Je pense qu’à Maré, comme à Lifou, où sur 3 000 personnes j’ai été embêté par 30, ce sont des opposants qui font beaucoup de bruit, mais qui sont finalement peu courageux. Je pense que ce qui les énerve aussi, c’est que le premier à se rendre sur les Îles pour expliquer Bougival, c’est un signataire non-indépendantiste. Ils ont certainement l’inquiétude d’être convaincus", estime Nicolas Metzdorf.
Le haut-commissariat « vigilant »
Du côté du Palika (parti indépendantiste anciennement membre du FLNKS), même si des messages parfois hostiles ont pu être relevés sur les réseaux sociaux à l’attention des signataires, Jean-Pierre Djaïwé indique ne pas avoir eu à faire face « à une quelconque animosité. Nous allons partout, nous serons sur les Îles à partir de ce soir et pour l’instant ça se passe très bien ».
Même son de cloche chez Victor Tutugoro (UPM, également indépendantiste qui s’est retiré du FLNKS) qui admet « avoir vu passer des messages hostiles sur les réseaux mais nous n'avons aucun souci pour aller voir la population partout où nous allons ».
Dans un communiqué publié en fin de journée, mercredi 6 août, le haut-commissariat « rappelle l'indispensable respect de la liberté de circuler, indissociable de la liberté d'expression » et précise qu'il « veillera avec la plus grande vigilance au strict respect » de ce droit sur l'ensemble du pays, se réservant « la possibilité de prendre toutes les mesures adaptées partout où il pourrait être remise en cause ».
Julien Mazzoni pour Les Nouvelles Calédoniennes