Élus mardi par les membres du Congrès, les nouveaux membres du gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie, le 18ème depuis l’accord de Nouméa, ont échoué à désigner leur président : les non-indépendantistes, majoritaires, n’ayant pas réussi à se mettre d’accord sur un nom. Le candidat non indépendantiste Alcide Ponga devrait toutefois remporter le prochain vote.
Plus de sept mois après de violentes émeutes, l'archipel a été plongé dans l'incertitude le 24 décembre par le renversement du gouvernement de l'indépendantiste Louis Mapou, en place depuis trois ans.
Les négociations « n’ont pas permis de nous entendre autour d’un contrat de gouvernance », a réagi à l’issue du vote Philippe Dunoyer, candidat du parti Calédonie ensemble (centre-droit, non-indépendantiste), qui a annoncé sa démission, moins d’une heure après l'élection d'un exécutif.
Alcide Ponga, candidat du parti Le Rassemblement-Les Républicains (non-indépendantiste), a obtenu 4 voix, contre trois pour l’indépendantiste Samuel Hnepeune (UC-FLNKS). Or, il faut impérativement réunir les votes de 6 des 11 membres pour que soit élu le chef de l'exécutif.
Une partie des indépendantistes (l’UNI) se sont abstenus, sur fond de désaccords avec son ancien partenaire du FLNKS, l'UC, de même que le mouvement de centre-droit non-indépendantiste Calédonie ensemble, qui avait pourtant annoncé déposer la candidature de Philippe Dunoyer la semaine dernière.
Cela « n’empêchera pas le fonctionnement des institutions », a tenu à préciser le candidat, qui sera remplacé par Jérémie Katidjo-Monnier, en seconde place sur sa liste. Les membres du gouvernement calédoniens sont en effet élus lors d’un scrutin de listes. En cas de démission, c’est le suivant sur celle-ci qui prend la place de l’élu démissionnaire.
Seule la démission de l’ensemble de la liste ou la démission de plus de la moitié des membres du gouvernement provoque la chute de celui-ci, comme avec Calédonie ensemble le 24 décembre dernier, poussant à la tenue de nouvelles élections.
Le mouvement reprochait à l’équipe dirigée par l’indépendantiste Louis Mapou son « manque de fermeté » face à l’État dans le cadre des discussions pour l’aide à la reconstruction du territoire, dont l’économie a été mise à terre par l’insurrection qui a débuté le 13 mai.
Mais « le gouvernement Mapou n’a pas été renversé pour qu’on débouche sur un blocage institutionnel », a précisé Philippe Dunoyer. « Dès la prochaine réunion du gouvernement, mon remplaçant apportera sa voix à la candidature d’Alcide Ponga à la présidence ».
Ce dernier devrait aussi recueillir la voix de Petelo Sao, membre Éveil océanien du gouvernement, parti qui avait fait liste commune avec Calédonie ensemble. Ainsi, le candidat du Rassemblement avec Les Loyalistes devrait être élu avec les six membres non indépendantistes du gouvernement. Traditionnellement, la vice-présidence est concédée au mouvement adverse.
Située à 17 000 kilomètres de Paris, la Nouvelle-Calédonie a été meurtrie en 2024 par six mois de tensions insurrectionnelles qui ont coûté la vie à 14 personnes et fait plus de 2 milliards d'euros de dégâts.
Avec AFP