Le nouveau gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie, le 18ème depuis l’accord de Nouméa de 1998, a désigné mercredi son président, le non-indépendantiste Alcide Ponga.
Après une première tentative infructueuse mardi, les 11 membres du gouvernement calédonien se sont à nouveau rassemblés mercredi pour l'élection de leur président et ont réuni six voix en faveur d’Alcide Ponga, issu du mouvement Le Rassemblement-Les Républicains, parti héritier du RPC de Jacques Lafleur.
Son concurrent Samuel Hnepeune (UC, ancien dirigeant d’Air Calédonie et du Medef) a obtenu trois des cinq voix indépendantistes du gouvernement. L'Union nationale pour l'indépendance (UNI), qui dispose de deux sièges, a choisi de s'abstenir.
Alcide Ponga, 49 ans, est issu d'une famille kanak non-indépendantiste. Maire depuis 2014 de la petite commune minière de Kouaoua, sur la côte est de l'île principale, il est aussi depuis le 21 avril le premier Kanak à présider Le Rassemblement-Les Républicains. Diplômé de sciences politiques, il a effectué sa carrière dans la mine, en tant que directeur de KNS, un secteur aujourd'hui en grande difficulté mais qui reste le premier pourvoyeur d'emploi privé dans l'archipel.
À la sortie de cette élection, Alcide Ponga a d’emblée annoncé accepter ce fauteuil « en esprit de responsabilité », conscient des enjeux de taille qui l’attendent, le pays étant plongé dans une crise sans précédent, mais aussi du peu de marge de manœuvre dont son exécutif dispose, puisqu’il prendra fin, lors des prochaines élections provinciales, qui devraient être organisées d’ici la fin de l’année.
« Ce gouvernement va avoir une durée de vie autour de 8 à 10 mois. Ce qu’attendent les Calédoniens aujourd’hui, c’est que l’on puisse travailler ensemble et donner un signal d’espoir », martèle le nouveau président. « Il va falloir se mettre assez rapidement en ordre de marche. On n’a pas beaucoup de temps, mais ce qu’on pourra engranger, ce sera ça de gagné pour pouvoir tourner également les pages politiques et continuer de mener la Calédonie sous de meilleurs auspices comme l’ont fait nos vieux, il y à 30 ans ».
La priorité affichée par Alcide Ponga sera la reconstruction du pays et le « renforcement » de l’économie. Mais pour ce faire, encore faut-il que le gouvernement soit opérationnel, alors que la répartition des portefeuilles de compétences n’a pas encore fait l’objet de consensus pour être partagés entre les onze membres. Un sujet sur lequel « les discussions sont en cours ».
En outre, le vice-président du gouvernement n’a pas pu être désigné. Une nouvelle réunion des membres du 18ème gouvernement aura prochainement lieu, sur convocation du Haut-commissaire de la République, pour procéder à sa désignation. Traditionnellement dévolu au camp adverse du président du gouvernement, le siège doit revenir aux indépendantistes, qui doivent trouver un accord.
« Nous n’allons pas quémander la vice-présidence. Il n’est pas question pour nous d’accepter n’importe quoi à n’importe quelle condition », réagit Samuel Hnepeune. « Nous avons demandé un délai supplémentaire pour en discuter parce qu’on doit d’abord savoir ce qu’on peut obtenir comme portefeuille pour accepter éventuellement ce poste. On est là pour travailler, pas pour dealer des postes et des besoins en vue de préparer les prochaines provinciales ».
Gouvernement renversé
Alcide Ponga succède à l'indépendantiste Louis Mapou, dont le gouvernement a été renversé le 24 décembre avec le départ du parti de centre-droit Calédonie ensemble. Le nouveau gouvernement a été élu mardi par le Congrès du territoire, mais n’avait pas réussi à se mettre immédiatement d’accord sur un nom.
Plus de sept mois après de violentes émeutes, l'archipel a été plongé dans l'incertitude le 24 décembre par le renversement du gouvernement en place depuis trois ans. Les membres Calédonie ensemble du gouvernement avaient annoncé leur démission, reprochant à l'exécutif de Louis Mapou son « manque de fermeté » face à l'État dans le cadre des discussions pour l'aide à la reconstruction du territoire.
Avec Les Nouvelles Calédoniennes et AFP