Ce mardi, Nouméa et son agglomération continuaient d'être le théâtre d'affrontements localisés et les barrages se sont même étoffés ou ont été reconstitués par endroits dans la nuit, malgré l’optimisme du représentant de l’État. Dans un communiqué, le procureur de la République a fait état de « 216 mesures de garde à vue ».
Huit jours après le début de cette flambée de violences en réaction à une réforme constitutionnelle décriée par les indépendantistes, l'exécutif a décidé de mobiliser « pour un temps » des militaires afin de « protéger les bâtiments publics » et soulager policiers et gendarmes, a indiqué l'Élysée lundi soir à l’issue du conseil de défense.
« Le retour au calme se poursuit sur l'ensemble du territoire », a de son côté écrit dans un communiqué mardi le représentant de l'État en Nouvelle-Calédonie, le Haut-commissaire Louis Le Franc. Mais Nouméa et son agglomération continuaient d'être le théâtre d'affrontements localisés et les barrages se sont même étoffés ou ont été reconstitués par endroits dans la nuit, a constaté un journaliste de l'AFP, à qui plusieurs témoins ont fait état d'importantes détonations et d'affrontements dans le quartier de Tuband.
D’après le procureur de la République Yves Dupat, environ 400 entreprises et commerces ont subi des dégradations dans Nouméa et dans les villes limitrophes depuis le début des émeutes. Dans son communiqué, Yves Dupas a également fait état de « 216 mesures de garde à vue, dont 144 pour des atteintes aux biens, 25 pour violences à personne dépositaire de l'autorité publique et 46 pour des atteintes aux personnes », ayant donné lieu à 31 comparutions devant la justice, dont 11 incarcérations.
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Mardi matin, sur la route express qui mène à l'aéroport international, l'entrepôt d'une entreprise de fourniture de bureaux était en feu. Deux carcasses de voitures empilées forment un barrage à 200 mètres de là, de jeunes hommes encagoulés filtrent le passage des voitures. Et sur les barrages, la motivation ne semble pas faiblir malgré le déploiement massif de forces de sécurité intérieure, qui dépassent désormais les 2 700 effectifs.
« On ne lâche pas ! On ne lâche pas jusqu'à ce qu'ils retirent le texte (...) Même s'il faut mourir, on restera là sur les barrages », assure à l'AFP Simon, un chauffeur-livreur de 34 ans qui garde un barrage dans le quartier de Montravel, un fief indépendantiste. Certains véhicules peuvent passer, dont les occupants saluent les militants. « Ça fait une semaine qu'on est là, les passants sont habitués », reprend Simon qui assure que certains « nous donnent du pain, de l'eau ».
Tandis que le spectre d'une pénurie de nourriture et de médicaments plane sur l'agglomération de Nouméa, le Haut-Commissaire a assuré que 21 grandes surfaces ont rouvert « et sont progressivement réapprovisionnées ». Sur place, la solidarité s’organise entre les communautés de l’agglomération nouméenne, malgré les tensions qui peuvent exister entre celles-ci. Dans certains quartiers, des habitants protègent les commerces qui ont échappé aux pillages et aux incendies.
Nouvelle nuit agitée
A Dumbéa, importante ville de l'agglomération, le centre culturel a été saccagé, a constaté un journaliste de l'AFP. « Les jeunes voulaient tout brûler, on a réussi à les en empêcher », assure un militant de la CCAT, un collectif indépendantiste accusé par l'État d'attiser les violences mais qui affirme rester « dans une démarche pacifique ».
Dimanche les autorités avaient annoncé une vaste opération de gendarmerie pour libérer l'axe stratégique d'une cinquantaine de kilomètres reliant Nouméa à l'aéroport de La Tontouta, mais les barrages à peine « débloqués » étaient réinstallés par les indépendantistes. La plupart sont « filtrants » et laissent le passage à certains véhicules, y compris les pompiers ou ambulances à toute heure, soutient la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT).
Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18h00 et 6h00 (9h00 et 21h00 à Paris), l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool et le bannissement de l'application TikTok - dont l'interdiction sera contestée par des défenseurs des libertés devant le Conseil d'État mardi à 11h30. Six personnes ont été tuées depuis le début des violences, d'une ampleur inédite en près de 40 ans dans l'archipel océanien. Parmi les morts figurent deux gendarmes mobiles.
Selon nos partenaires des Nouvelles Calédoniennes, le Haut-commissaire de la République a annoncé, à 19h locale ce mardi, que des renforts permanents sont désormais installés dans les quartiers de Dumbéa, de Païta et du Mont-Dore, alors que que des opérations de sécurisation sont en cours dans les quartiers de Vallée-du-Tir, de Tuband, de Ducos et de Normandie.
Avec AFP