Le pacte nickel calédonien, censé ouvrir un retour à la rentabilité de la filière, est prêt et rédigé, a annoncé Bruno Le Maire ce jeudi matin. Le ministre de l’Économie et des Finances appelle à sa signature, en l’état, à la fin mars.
« Nous devons réinventer avec les autorités calédoniennes la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie » a déclaré ce jeudi le ministre de l’Économie et des Finances, qui, en novembre 2023, avait appelé à la conclusion d’un pacte nickel pour sauver la filière « stratégique » calédonienne.
« Le pacte nickel, que j'ai proposé aux collectivités et aux industriels de signer d'ici la fin du mois, répond parfaitement aux objectifs de baisse des coûts de production, avoir l'énergie moins chère, garantir un accès sans entraves à la ressource minière » a insisté le ministre. « Ce pacte est solide, crédible » et « est la seule voie pour redresser la filière nickel en Nouvelle-Calédonie ».
Bruno Le Maire a enjoint autorités et industriels calédoniens à « ne pas revenir » sur certains « principes », tels que la rentabilité des usines, « une exploitation à perte est inconcevable », rentabilité passant par un contrôle des usines par les industriels, « toute perspective de nationalisation est une illusion car ne permettrait pas de garantir la rentabilité des usines », une énergie moins chère ou encore, « un accès sans entraves à la ressource minière ». « Si nous nous écartons de ces principes, nous allons nous retrouver face à un mur financier que ni l'État ni les autorités locales ne pourront franchir » a insisté le ministre.
Pour Bruno Le Maire, les industriels doivent produire davantage, « tout simplement pour être au diapason de la concurrence internationale », et « s'engager à faire des économies et à réduire le coût de production, comme dans n'importe quelle activité industrielle, en particulier dans l'industrie lourde ». « Et chaque fois que cela apparaît possible, ils doivent approvisionner l'Europe », a-t-il insisté.
Sur l’énergie, coûteuse pour les usines de nickel de l’archipel, le pacte propose « la mise en place d'une subvention aux prix de l'énergie », cofinancée par l’État avec les collectivités « à hauteur de 200 millions d'euros par an ». Le pacte propose également « des investissements de l'État sur la décarbonation du mix électrique, cofinancés avec les collectivités au bénéfice des usines locales », poursuit encore Bruno Le Maire qui évoque « un bouclier fiscal sur les usines métallurgiques ».
Le pacte met aussi sur la table une « réforme du code minier » calédonien « pour améliorer l'accès à la ressource dans les exploitations, avec l'objectif d'autoriser l'exportation de minerais bruts depuis les réserves métallurgiques et de faciliter l'octroi des autorisations d'exploitation, de façon à avoir une ressource plus accessible et de dégager aussi la trésorerie supplémentaire pour les usines ».
Ce pacte, « qui est un moment décisif de l'histoire du nickel en Nouvelle-Calédonie », est « rédigé » et « doit être signé tel quel », persiste Bruno Le Maire qui souligne un « pacte équilibré » et renvoie désormais la balle aux collectivités. Le président du gouvernement calédonien, l’indépendantiste Louis Mapou, a décidé de soumettre le pacte au vote du Congrès, le 28 mars, « un acte courageux et responsable » a salué Bruno Le Maire. « On fait bloc pour le nickel calédonien (…). Nous avons trouvé un bon accord. Il reste maintenant à le signer ».
Pour rappel, la filière du nickel calédonien est confrontée depuis des années à de graves difficultés opérationnelles, d'accès à la ressource et des coûts énergétiques et de main d'œuvre qui sont élevés. Ajouté à cela, des « contraintes sur les exportations et une pression de la concurrence étrangère, en particulier la concurrence indonésienne qui offre des conditions de production plus souples (…) » dans « un contexte où le cours du nickel a fortement baissé au cours des dernières années et où les perspectives de remontée de cours du nickel sont très limitées à partir du moment où il y a davantage de producteurs ».
« Depuis 2016, 700 millions d'euros d'aides ont été apportés à la filière nickel en Nouvelle-Calédonie » a aussi rappelé le ministre qui assure que « l'État est totalement et massivement mobilisé pour la filière nickel en Nouvelle-Calédonie ». Récemment, l’État a accordé 200 millions d’euros à l’Usine du Nord, 140 millions à Prony Resources ou encore, 60 millions d’euros à la SLN.