Alors que la crise en Europe provoque une hausse des prix globale sur les produits de première nécessité et le carburant, le gouvernement calédonien a convié les principaux acteurs du territoire à une réunion de travail vendredi 29 avril. Objectif, créer des propositions à même de faire face aux conséquences de l'inflation sur le pouvoir d'achat des ménages, mais aussi soutenir les entreprises impactées par la hausse du prix des matières premières.
Réunion de crise en présence des organisations syndicales et patronales représentatives, l’ISEE, l’IEOM, l’Autorité de la concurrence, plusieurs directions de la collectivité (directions des Affaires économiques, des Services fiscaux et des Douanes), et des collaborateurs des autres membres du gouvernement ont donc été invités à croiser leurs analyses lors de cet échange, avec l’objectif de dégager des pistes pour combattre l'inflation dans les domaines de l'énergie, de l'alimentation et des produits importés.
Au cours du mois de mars 2022, l’indice général des prix à la consommation hors tabac a augmenté de 0,3% et de +1,8% sur un an. Une tendance à la hausse particulièrement marquée pour l’énergie (+ 2,9 %). En cause, des facteurs multiples, comme la guerre en Ukraine, les conséquences de la crise sanitaire, la hausse des cours mondiaux des matières premières, et plus localement, la série d’intempéries qui a touché le pays en début d’année. Mais c’est surtout au travers de ses importations que la Nouvelle-Calédonie est impactée par cette inflation qui secoue l’économie mondiale.
Ainsi, afin de prendre en compte cette dynamique de l'inflation, l’Exécutif a, dès le jeudi 28 avril, revalorisé à la hausse le taux du salaire minimum garanti (SMG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG). Cette première décision doit s’accompagner dans les semaines à venir de mesures conjoncturelles, mais aussi structurelles qui seront présentées dans un plan d'actions contre l'inflation et pour la défense du pouvoir d'achat. Plan qui, dans sa première mouture, pourrait être présenté en collégialité aux membres du gouvernement, dès le mercredi 4 mai prochain.
Concernant la problématique des prix de l’énergie et du carburant, des mesures de soutien ont été évoquées par le biais de subventions et par un recours à la fiscalité. Elles pourraient passer par une remise à la pompe et un lissage de l'augmentation des prix dans le temps. Une baisse des taxes aux pétroliers afin de baisser le coût à la pompe, ainsi qu'une réduction de la marge des pétroliers dans la structure de prix du carburant sont aussi envisagées. Une augmentation de l'aide à l'énergie pour les agriculteurs fait partie des possibilités ainsi qu'une aide aux ménages les plus défavorisés grâce à une subvention aux provinces qui pourrait être intégrée dans leurs dispositifs d'aides sociales. Côté entreprises, un allègement temporaire de la fiscalité sur les prix du carburant et une suppression temporaire de l'exonération de TPP et TAPP aux sociétés minières et métallurgiques sont à estimer.
Concernant les prix affichés sur le territoire, des mesures permettant de réglementer les prix, et ce, dès l'importation, sont envisagées. Elles pourraient passer par un encadrement temporaire des prix maximum des fruits et légumes les plus consommés et une extension du système des prix plafonnés. Pourrait s'y ajouter, la réglementation des prix d'une quinzaine de familles de produits alimentaires de première nécessité. Une relance de l'accord de modération des prix "bouclier qualité prix" pour un panier de fruits frais a été évoquée ainsi que la suppression définitive, temporaire ou périodique, des restrictions aux importations des fruits et légumes.
Enfin, dans le domaine de la fiscalité, des mesures ont été identifiées, dont une baisse de la Taxe de soutien aux productions agricoles et alimentaires (TSPA) au taux directement inférieur sur les produits alimentaires de première nécessité, une baisse des droits de douane et de la TSPA sur les fruits et légumes ou encore une suppression des taxes sur les ventes en ligne de pièces détachées automobiles pour favoriser la concurrence.
Au cours de cette matinée, les échanges ont mis en exergue la volonté du gouvernement et des partenaires sociaux de trouver des solutions rapides pour préserver, autant que possible, le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes et soutenir les entreprises les plus impactées par la hausse du prix des matières premières. Dans un second temps, l’Exécutif prévoit des dispositions pour une modernisation profonde de l’économie calédonienne. Ces pistes sont de nature fiscale, mais concernent aussi des mesures d’adaptation des régimes de protection de marchés aux réalités d’aujourd’hui (concurrence et transparence, etc.).
Damien Chaillot