Quelques heures avant l’arrivée en Nouvelle-Calédonie du ministre des Outre-mer, le bureau politique du FLNKS a vivement réagi aux critiques qui lui sont adressés depuis son rejet de l’accord de Bougival, tant par l’État que par les délégations indépendantistes et non-indépendantistes signataires. « Le FLNKS assume ses décisions », affirme son président Christian Tein dans un communiqué, appelant à la mobilisation pacifique pour accueillir Manuel Valls. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Attendu dans les prochaines heures en Nouvelle-Calédonie pour avancer sur l’accord de Bougival et installer le comité de rédaction, le ministre des Outre-mer Manuel Valls va devoir composer avec des indépendantistes du FLNKS remontés. Au terme d’une réunion de son bureau politique, le Front a en effet vivement réagi aux critiques qui lui sont adressées ces derniers jours, tant par l’État que par les autres formations politiques calédoniennes, à la suite de l’officialisation du rejet de l’accord de Bougival décidé lors de son congrès du 9 août, à La Conception.
Alors que Manuel Valls a qualifié cette décision d' « incompréhensible », avant d’afficher sa détermination à respecter le calendrier fixé par l’accord, le FLNKS dénonce un « rapport de force » engagé par le ministre d’État, qui « fait croire à l’opinion publique que sans cet accord, la situation économique et sociale deviendrait chaotique, alors que le pays est sous perfusion depuis plusieurs années et que les inégalités n’ont fait que se creuser depuis des décennies ».
« Diviser pour mieux régner »
Dans cette lettre signée de son président Christian Tein, le mouvement indépendantiste s’en prend aussi aux autres délégations signataires, qui se sont également montrées très critiques envers le Front. « Le FLNKS assume ses décisions d’une seule et même voix, à l’issue de débats contradictoires entre les groupes de pression, alors que la dictature et l’autoritarisme politique sont des manœuvres courantes de ces soi-disant « faiseurs de paix », qui l’affichent dans les médias, mais n’hésitent pas à voter des politiques publiques antisociales à l’encontre de nos populations ».
Une référence au plan de réformes du gouvernement adopté le 14 août au Congrès d’une courte majorité, après le ralliement des élus de l’Union nationale pour l’indépendance aux côtés de la coalition Rassemblement-Loyalistes.
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Sous la plume Christian Tein, le communiqué fustige, au passage, les non-indépendantistes « devenus des grands adeptes de Valls, alors même qu’il y a quelques semaines le dénigraient ouvertement ». Rappelant son rôle central dans la signature des précédents accords, le FLNKS met en garde l’État sur sa tentative de « diviser pour mieux régner ». « Il n’est pas sérieux de s’entêter et de mépriser le FLNKS en le plaçant comme un opposant, alors que le FLNKS est héritier de la déclaration et des deux accords qui ont installé la paix. »
Ainsi, le Front appelle à la poursuite du dialogue, tout en demandant la tenue des élections provinciales en novembre 2025 « pour ne pas crisper les positions institutionnelles » et en appelant ses militants et sympathisants à « se mobiliser pacifiquement en affichant nos couleurs ».
Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes