Une opération de police a été menée vendredi « avec succès » à Rivière-Salée, le dernier quartier de la ville de Nouméa qui n'était pas encore passé sous contrôle des forces de l'ordre, deux semaines et demie après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, a annoncé Gérald Darmanin.
« Une grande opération de police vient d'avoir lieu, avec succès, dans le quartier de Rivière-Salée, le dernier de Nouméa qui n'était pas sous contrôle », a écrit le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer dans un message sur X. Cette opération a mobilisé 400 membres des forces de l'ordre, a précisé à la presse le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. « La totalité de la ville de Nouméa est sous contrôle de l'État », a ainsi affirmé devant la presse le haut-commissaire de la République, Louis Le Franc.
Des membres des unités d'élite de la police (RAID) et de la gendarmerie (GIGN) y ont participé, selon Gérald Darmanin, qui a salué « l'interpellation de 12 individus et la suppression de 26 barrages ». En tout, 666 interpellations ont eu lieu en lien avec les émeutes. Le quartier de Rivière-Salée, dans le nord de Nouméa, était bloqué par « de nombreux barrages, tenus par des individus dangereux, et plusieurs snipers avaient été repérés », a indiqué à l'AFP une source policière, évoquant une « sécurisation complexe ».
« Ce ne sera pas la fin du mouvement »
D'autres quartiers demeurent cependant bloqués dans l'agglomération de Nouméa, sur les communes du Mont-Dore, Païta et Dumbéa, a souligné devant la presse la présidente de la province Sud, Sonia Backès, principale représentante du camp loyaliste. « L'État a les moyens d'agir, on l'a vu sur Rivière-Salée, ça urge de le faire partout où il le faut. (...) Il faut que l'État se déploie partout pour libérer les quartiers », a-t-elle martelé.
Parmi les militants indépendantistes, certains demeurent déterminés à faire entendre leur revendication, et n'hésitent pas à reconstruire les barrages après leur destruction par les forces de l'ordre. « C'est la quatrième fois » que le barrage est détruit, selon Taoun, 49 ans, prêt à revenir dès que les forces de l'ordre « auront fini de déblayer ». « Pour nous, ce ne sera pas la fin du mouvement, on a besoin de se faire entendre », martèle Priscilla Païta, 24 ans. Les opposants à la réforme du corps électoral demandent toujours son retrait.
Dans le quartier du col de la pirogue, à Païta, l'état d'esprit semble identique. Des jeunes se sont équipés en pierres et branches de bambou fraîchement coupées, et le barrage levé était déjà en cours de reconstruction alors que la nuit de vendredi commençait à tomber. A Dumbéa, une épaisse fumée noire s'élevait au-dessus d'une salle de sport tandis qu'à Poya, un barrage indépendantiste restait en place, dans le calme, ralentissant considérablement le trafic.
Selon une journaliste de l'AFP sur place, un autre barrage était en cours de démantèlement par les gendarmes vendredi à La Tamoa, non loin de l'aéroport international de La Tontouta qui reste fermé aux vols commerciaux jusqu'à lundi matin. Près de 1 950 touristes et visiteurs hexagonaux, australiens, néo-zélandais, polynésiens, wallisiens et futuniens ou encore vanuatais ont pu être raccompagnés vers leur pays de résidence, et 721 résidents calédoniens ont pu rentrer sur le territoire.
Le vote d'une réforme constitutionnelle élargissant le corps électoral provincial, accusée par les indépendantistes de marginaliser la population autochtone kanak, a déclenché en Nouvelle-Calédonie la plus grave crise politique depuis les années 1980, accompagnée de violences, pillages, dégradations et barrages routiers.
Avec AFP