Nouvelle-Calédonie : Fin du square Olry qui devient « Place de la Paix »

Nouvelle-Calédonie : Fin du square Olry qui devient « Place de la Paix »

©Mairie de Nouméa

Ce jeudi matin en Nouvelle-Calédonie, la mairie de Nouméa a dévoilé la future Place de la Paix, qui remplacera le square Olry, en présence notamment du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, d’Isabelle Lafleur et de Marie-Claude Tjibaou. D’ici 18 mois, une statue symbolisant l’historique poignée de main entre le loyaliste Jacques Lafleur et l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou, trônera sur la nouvelle Place de la Paix. 

« Notre histoire est bien un tout, il n’est pas question ici, comme l’a très justement énoncé le président de la République, d’effacer des traces ou des noms de l’histoire, pas plus que de déboulonner des statues », a déclaré la maire de Nouméa Sonia Lagarde, évoquant « un geste de mémoire commune », « en accord avec la volonté profonde de l’ensemble des Calédoniens de ne pas voir reculer l’histoire et poursuivre sur le chemin de la paix ».

Sonia Lagarde a fait cette déclaration entourée du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, de Marie-Claude Tjibaou, veuve du leader kanak assassiné en 1989, et d’Isabelle Lafleur, fille de l’ancienne figure loyaliste et devant un parterre de dirigeants, représentant quasiment tout l’échiquier politique local.

Répression de la première révolte kanak

Située face à la mairie, en plein cœur de Nouméa, la statue d’Olry, sur le square éponyme, renvoit au gouverneur Jean-Baptiste Olry qui organisa la répression dans le sang de la première révolte kanak en 1878. Érigée il y a plus d’un siècle, cette statue faisait l’objet d’une pétition demandant son retrait depuis quelques années déjà. Une demande accentuée récemment avec mouvement de déboulonnage de statues liées aux parts d’ombres de la colonisation. Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie de 1878 à 1880, Jean-Baptiste Olry « est un témoin, parmi tant d’autres, de l’histoire calédonienne complexe, heurtée, parfois violente… », a indiqué la mairie de Nouméa dans un communiqué.

Dans 18 mois, c’est donc une statue de Jean-Marie Tjibaou, Jacques Lafleur et leur historique poignée de main lors des Accords de Matignon de 1988, mettant fin à plusieurs années d’affrontements, qui viendra mettre un point d’honneur à cette future Place de la Paix à Nouméa. « L’Histoire nous regarde. Cette poignée de main nous oblige à imaginer ensemble, dans le respect et le dialogue, le devenir de cette terre de parole et de partage », a ajouté Sonia Lagarde.

La réalisation de la future statue, d’abord en terre glaise, a été confiée à Fred Fichet. Le moulage sera ensuite envoyé dans l’Hexagone, à la fonderie Barthelemy basée à Crest. De son côté, la statue d’Olry sera transférée dans les jardins du musée de la ville de Nouméa, accompagnée d’un texte historique.

Visite prolongée

Cette cérémonie est intervenue alors que Sébastien Lecornu est en Nouvelle-Calédonie pour tenter d’apaiser les tensions et de nouer le dialogue après le deuxième référendum sur l’indépendance du 4 octobre, qui a vu l’écart entre non indépendantistes (53,3 %) et indépendantistes (46,7 %) se resserrer par rapport au premier scrutin de 2018 (56,7 % / 43,3 %). Regrettant que « trop de personnes aujourd’hui sur le Caillou ne connaissent pas suffisamment cette histoire récente », Sébastien Lecornu a salué deux hommes, qui ont fait preuve « de dépassement », comme un appel à leurs successeurs à faire de même.

Le départ du ministre, prévu jeudi soir, « a été annulé pour poursuivre les consultations dans une phase collective », a fait savoir un de ses conseillers sans préciser de nouvelle date, alors que le ministre multiplie déplacements et entretiens en tête à tête, après le deuxième référendum remporté le 4 octobre par les non indépendantistes.

À l’issue de cette cérémonie à Nouméa, Sébastien Lecornu est parti « en retraite » avec dix responsables non indépendantistes et indépendantistes, cinq de chaque camp. La séquence a été présentée comme étant « un déjeuner privé », qui se tiendra sur un îlot au large de la commune de Boulouparis au nord de Nouméa et où se trouve une résidence appartenant à l’État. L’ambition du ministre, lors de cette rencontre, est de « sortir des ambiguïtés », en engageant une réflexion sur les « conséquences concrètes du oui ou du non à l’indépendance » alors que depuis le deuxième référendum sur l’indépendance le 4 octobre les esprits s’échauffent sur le Caillou.

La paix « pas négociable »

Les présidents des trois provinces calédoniennes, Sonia Backès, Paul Néaoutyine, Jacques Lallié, le président du gouvernement, Thierry Santa, le président du Congrès, Roch Wamytan, les députés, Philippe Gomes et Philippe Dunoyer, le sénateur Pierre Frogier ainsi que Daniel Goa et Victor Tutugoro, élus et ténors du FLNKS devraient être autour de la table.

Au cours de son déplacement en Nouvelle-Calédonie, le ministre a répété que « la paix n’est pas négociable » et qu’il « n’accepterait aucun chantage à la violence ». Il a au contraire invité les protagonistes calédoniens à rester fidèles au dialogue, qui depuis 32 ans assure la stabilité. « Il faut garder cette méthode si on croit à la paix, si on pense que le sang n’a pas besoin de couler pour trouver une solution politique », a prôné Sébastien Lecornu.

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Avec AFP.