Nouvelle-Calédonie : Dans une tribune, 97 personnalités lancent un appel « au courage de ceux qui veulent construire un avenir de paix et de concorde »

©Ville de Nouméa

Nouvelle-Calédonie : Dans une tribune, 97 personnalités lancent un appel « au courage de ceux qui veulent construire un avenir de paix et de concorde »

Dans une tribune, 97 personnalités politiques, économiques et civiles de l’archipel lancent un appel au dialogue et à la paix, pour trouver « un accord global ». « Le futur projet doit reposer sur un socle nouveau qui associe l’ensemble de ceux qui contribuent à bâtir la Nouvelle-Calédonie, afin de ne pas répéter les erreurs du passé ».

« Nous, personnalités de la société civile et élus, lançons un appel à la paix » écrivent ces 97 personnalités, parmi lesquels Jean-Pierre Aïfa, Rock Apikaoua, Marie-Claude Tjibaou, Élie Poigoune -membres du comité des sages-, Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement, Christopher Gygès, membre du gouvernement, Sonia Lagarde, maire de Nouméa, Georges Naturel, sénateur, ou encore, Thierry Santa et Yoann Lecourieux, également membres du gouvernement.

« Le processus engagé depuis 30 ans, visant à préserver la paix et à valoriser le vivre-ensemble entre toutes les communautés, est parti en fumée, laissant derrière lui un amas de cendres sur un lit de haine » écrivent les signataires de cette tribune, dans laquelle on retrouve aussi des personnalités du monde économique comme Mimsy Daly, présidente du Medef ou David Guyenne, président de la CCI, du monde sportif, comme Nicolas Brignone, et du monde culturel, notamment le journaliste Wallès Kotra et le producteur Kingtaz.

Pour les signataires, « quelles qu’en soient les raisons » de ces violences, « le résultat est là et le constat amer : des morts, une île fracturée, plusieurs milliers de personnes, salariés, particuliers, chefs d’entreprise, ont tout perdu, leur emploi, leur société, et leur confiance en l’avenir ». « Aujourd’hui, les Calédoniens de toutes origines sont en grande difficulté : pour s’alimenter, pour accéder aux soins, à l’éducation et aux services. Aucune idéologie, aucune doctrine, quelle qu’elle soit, ne peut justifier de tels actes ».

Les signataires appellent à « saisir l’opportunité » des « initiatives » annoncées par le chef de l’État, notamment « la mise en place d’une mission dédiée, d’une pause « législative » concernant le congrès à Versailles, et d’un nouveau calendrier pour retrouver les voies du dialogue ». « Emprunter le sentier de la guerre permet de pousser un cri, mais la seule voie digne et réfléchie est celle du chemin de la paix. Les positions extrêmes, rétrogrades, irresponsables, ne sont pas acceptables » jugent les signataires.

« Si les plaies restent ouvertes, le temps qui est devant nous doit être consacré à écrire une nouvelle page de notre histoire commune » estime encore cette tribune également signée par l’ancien sénateur et signataire de l’accord de Nouméa, Simon Loueckhote, et la fille de Jacques Lafleur, Isabelle Lafleur. Les signataires appellent à « conjuguer mémoire du passé et réponse aux défis du présent (…). La poignée de mains de Jacques Lafleur et de Jean-Marie Tjibaou nous oblige ».

« L’accord global pour mettre à nouveau la Nouvelle-Calédonie sur le chemin de la paix nécessite que les bonnes volontés du monde politique, de la société civile, les maires, les coutumiers, toutes celles et ceux de toutes tendances et convictions, se rassemblent » exhortent-ils encore, soulignant la nécessité d’« un nouveau contrat, sociétal, social et économique, celui d’une société calédonienne plus juste, plus inclusive, respectueuse de l’identité de chacune et chacun d’entre nous, à la hauteur des défis que nous devons relever ».

« Le futur projet doit reposer sur un socle nouveau qui associe l’ensemble de ceux qui contribuent à bâtir la Nouvelle-Calédonie, afin de ne pas répéter les erreurs du passé » poursuivent les signataires, encore convaincus « que cette terre d’origine, cette terre aussi d’accueil, possède en son sein une place pour tous. Notre culture est diverse mais partagée, nos sensibilités s’enrichissent de nos différences, nos communautés ont à s’enorgueillir autant de leurs traditions que de leurs métissages ».

« Le chemin du possible est là, devant nous. Voilà pourquoi nous, personnalités de la société civile et élus de toutes convictions, lançons cet appel au courage de ceux qui veulent construire un avenir de paix et de concorde » ont-ils conclu.

MISE À JOUR, vendredi 7 juin à 11h45 : 

Sept personnalités ont annoncé se désolidariser de cette tribune, notamment les personnalités désignées comme “membres du comité des sages”, dissout en août 2023, rappellent-elles. Il s'agit notamment du père Rock Apikaoua, de Jean-Pierre Aïfa, Nisie Filitoga, Marie-José Michel, Anne-Marie Mestre, Elie Poigoune et Marie-Claude Tjibaou. 

Si ces personnalités soutiennent “l'appel à la raison en vue d'une paix durable”, “cette tribune initiée par des personnalités de la société civile nous dévoile des noms (…) de signataires élus politiques. Nous en prenons actes et nous désolidarisons de cette liste”.