Nouvelle-Calédonie : Au Congrès, les Loyalistes demandent une commission d’enquête sur les liens avec l’Azerbaïdjan

©Aurélia Dumté / Les Nouvelles Calédoniennes

Nouvelle-Calédonie : Au Congrès, les Loyalistes demandent une commission d’enquête sur les liens avec l’Azerbaïdjan

L’intergroupe les Loyalistes et le Rassemblement a déposé une proposition de résolution sur le bureau du Congrès afin de créer une commission d’enquête. Le sujet à tirer au clair porte sur les relations entre certains élus de l’institution et l’Azerbaïdjan. Les élus non-indépendantistes assurent n’avoir jamais été au courant de ces accords. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Ce mercredi 4 septembre, les élus de l’intergroupe Loyalistes et du Rassemblement ont déposé sur le bureau du Congrès une proposition de résolution demandant la création d’une commission d’enquête. Si elle est adoptée, cette résolution permettra de réunir onze élus représentants les différentes tendances politiques afin de tirer au clair les relations et les activités entre certains élus du Congrès et la République d’Azerbaïdjan.

Deux déplacements

Deux rencontres entre des élus calédoniens et des représentants de l’Azerbaïdjan posent question selon les politiques loyalistes : la visite d’Omayara Naïsseline, le 18 avril 2024, à Bakou, au nom du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, et la signature d’un mémorandum de coopération, un document qui développe des points d’accords entre deux signataires.

Les élus loyalistes le disent, le répètent, le martèlent : « Ce mémorandum, nous l’avons découvert dans la presse. Nous n’avons pas été informés de ce qu’il y a à l’intérieur, ni quels sont les engagements portés par les élus du Congrès », souligne Naïa Wateou. Des élus Polynésiens ont également signé un mémorandum avec cette République.

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Puis c’est la participation de quatre élus : Marie-Line Sakilia, Isabelle Kaloi-Bearune, Maria-Isabella Saliga-Lutovika, Mickaël Forrest, en juillet dernier, au Congrès des colonies françaises à Bakou. Les discours étaient retransmis en direct sur la toile, et la teneur de certaines prises de parole a été considérée « d’une grande gravité » par les élus loyalistes. Ces deux déplacements d’élus du Congrès seront donc au cœur d’une commission d’enquête, si sa création est votée par la majorité.

Ingérence politique

« L’ingérence étrangère n’est plus un secret », estime Naïa Wateou. « La Nouvelle-Calédonie et la cause indépendantiste ne sont qu’un pion pour que l’Azerbaïdjan puisse s’attaquer à la France. La question est : est-ce que l’on veut être un pion dans cette stratégie ? ». « Cette ingérence étrangère valide les violences du 13 mai », poursuit Françoise Suve, présidente du groupe Loyalistes. « Nous devons, nous, élus, apporter toute la transparence sur l’utilisation de l’argent public. Cette commission d’enquête va donc tenter de faire toute la lumière sur les liens entre le Congrès et l’Azerbaïdjan. »

« Comment des fonds publics ont pu être utilisés pour nouer un accord avec un tel pays non démocratique ? » demande Virginie Ruffenach, du groupe Rassemblement. « On espère que la commission sera votée le plus rapidement possible et nous espérons que cela dépassera nos deux groupes politiques ». Une majorité est envisageable, selon Françoise Suve, puisque « l’Éveil océanien et Calédonie ensemble s’étaient opposés à ce lien entre le Congrès et l’Azerbaïdjan. »

Accès aux documents et audition des élus

Si la commission d’enquête est créée, « nous aurons accès à l’ensemble des informations, d’échanges, et au mémorandum, les pièces justificatives, le financement, la teneur des échanges, et nous pourrons auditionner des élus », détaille Françoise Suve. Les élus avaient déjà demandé à l’ancien président du Congrès, Roch Wamytan, d’accéder à certains documents, mais sans résultat. « Toute cette affaire s’est faite dans l’ombre », conclut Françoise Suve. La présidence du Congrès ayant changé le 29 août, l’intergroupe aura probablement davantage de facilité à recevoir ces documents.

Aurélia Dumté pour Les Nouvelles Calédoniennes