Nouvelle-Calédonie : À la recherche de solutions face à une pénurie de médecins de plus en plus marquée sur le territoire

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Nouvelle-Calédonie : À la recherche de solutions face à une pénurie de médecins de plus en plus marquée sur le territoire

Évoquée depuis plusieurs années, la pénurie de médecins est de plus en plus ressentie sur le territoire. Un manque de praticiens renforcé par la loi Pays qui empêche le recrutement de médecins étrangers. Exemple concret avec le dispensaire de Canala, qui se retrouve sans médecin pour les 3 prochains mois, tandis que le gouvernement travaille à une modification de la loi Pays trop restrictive. Focus grâce au reportage de nos confrères de CALEDONIA.




En Province Nord, le dispensaire de Canala va devoir affronter une saison compliquée, alors que son médecin-chef, Viviane Roussel, s’absente pour une durée de 3 mois, alors qu’elle est, depuis 15 jours, la seule praticienne en exercice.

Une situation inédite pour ce médecin en poste depuis 15 ans, affirme-t-elle au micro de Caledonia.nc :
« C’est une situation inédite. On a déjà eu des sous-effectifs de soignants, il y a toujours eu des périodes où il n’y a pas eu de sage-femme pendant quelques mois, ou encore d’être seule, mais pas longtemps, 10 ou 15 jours, et on avait une visibilité à court-terme sur l’arrivée du médecin, donc en soi, c’était supportable. Là, une situation si extrême, c’est la première fois que je la vis, c’est la première fois que je pars du dispensaire sans être remplacée, qu’il n’y ait pas un seul médecin, et qu’on laisse la population comme ça en péril ».

De son côté, la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales (DASS) en Province Nord affirme qu’un recrutement est prévu d’ici 3 semaines, et prévoit l’arrivée d’un médecin aux alentours du 11 juillet, puis d’un second une semaine plus tard. Une situation devenue prioritaire pour la DDASS, en raison de l’éloignement géographique importante en termes d’accès au soin du secteur de Canala.
Dans l’attente, seuls 2 infirmiers seront présents aux heures d’ouvertures, permettant un traitement de certaines urgences. À défaut, la population est invitée à composer le 15, ou bien à se diriger vers un autre dispensaire.
Une situation illustrant le phénomène de désertification médicale à laquelle font face plusieurs pays, la France hexagonale y compris, renforcé en Nouvelle-Calédonie en raison de son éloignement et son insularité.

Autre facteur aggravant, une loi du pays encadre le recrutement de praticiens, empêchant le recrutement de médecins étrangers. Une situation qui pourrait changer selon Yannick Slamet, porte-parole du gouvernement, au micro de Caledonia : « La difficulté de recruter des médecins étrangers, c’était surtout que ça soit des médecins francophones ou francophiles pour les relations. Mais au-delà de cela, c’est le texte qui empêche de faire des recrutements de médecins étrangers. Il y a eu une loi de pays qui a été voté en 2019 ou 2020, qui fait qu’on ne peut pas recruter de médecins étrangers. Au moment où je vous parle, on travaille sur le changement de réglementation pour pouvoir recruter des médecins étrangers, mais pas dans n’importe quelles conditions. La loi de pays qui a été votée nécessite des modifications pour permettre le recrutement ».

L’ouverture aux médecins de l'Union européenne pourrait être utilisée comme exemple d’aménagement, selon le porte-parole du gouvernement calédonien :  « La loi de Pays dit qu’il faut que le praticien ait des diplômes étrangers, mais qu’il soit de nationalité française. C’est un non-sens. On ne peut même pas recruter de médecins qui soient de l'Union européenne, alors qu’en métropole, il y a des recrutements de médecins de l'Union européenne ».


Damien CHAILLOT