Confrontés à une situation financière délicate, les bailleurs sociaux calédoniens vont bénéficier de l’extension d’un partenariat entre la Banque des Territoires et le FSH pour emprunter à taux zéro et recevoir une subvention à chaque opération de construction ou de réhabilitation. Le dispositif profitera à environ 2 000 logements et devrait permettre de redynamiser un secteur du BTP sinistré. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
C’est un plan de sauvetage du logement social autant qu’une tentative de relancer un secteur du BTP mal en point. Mardi 11 mars, le Fonds social de l’habitat et la Banque des Territoires, filiale outre-mer de la Caisse des dépôts et consignations, ont signé un partenariat pour garantir un nouveau financement considérable des trois bailleurs sociaux calédoniens (Sic, Sem Sud Habitat et FSH).
Prolongation d’un premier accord passé en 2020 afin de financer la construction de 800 logements pour un montant de 4,7 milliards de francs, ce second partenariat devrait permettre la construction ou la « réhabilitation lourde » de 200 logements ainsi que l’entretien de 2 000 habitations.
La somme mobilisée proviendra de la Banque des Territoires, sous la forme d’un prêt d’un milliard de francs, aboutissement d’un mécanisme financier complexe pour lequel le FSH déploiera de son côté 120 millions de francs. « C’est un effet de levier, un franc mis par le FSH représente cinq francs de la Banque des Territoires », explique Hervé Tonnaire, directeur régional du Pacifique pour la Banque des Territoires.
Un dispositif unique
À cela s'ajoutera un « concours financier exceptionnel » du FSH, qui s’apparentera à des « subventions » d’un montant total de 400 millions de francs en faveur de la Sic et de la Sem Sud Habitat pour l’année 2025. Les deux mécanismes (prêt à taux zéro et subventions du FSH) seront concomitants. Ils seront accordés après validation par la Banque des Territoires de chaque opération présentée par les bailleurs. « C’est quelque chose d’unique » et de « surpuissant », signale Hervé Tonnaire, qui envisage de l’étendre « aux autres territoires d’outre-mer et dans l’Hexagone ».
En évitant aux bailleurs de payer des intérêts sur des prêts qui peuvent s’étendre jusqu’à 40 ans, le partenariat officialisé ce mardi représente en effet une véritable bouée de sauvetage « du modèle économique du logement social en Nouvelle-Calédonie », très fragilisé par la crise. Il vise aussi à participer à la reprise économique du pays, notamment via la relance du BTP. « On offre les outils pour permettre cette relance dans un contexte où il n’y a plus aucuns travaux », fait remarquer Alexandre Lafleur, vice-président du FSH.
Il s’agira toutefois de repenser le logement social. Les opérations relèveront majoritairement de l’entretien et de la rénovation. « Nous n’avons plus besoin de construire de logements dans un pays où la démographie chute », justifie Karl Ulm, président du FSH. Ce qui n’exclut pas pour autant les projets de construction. Des résidences étudiantes et des maisons de retraite sont d’ores et déjà à l’étude.
Le FSH à Koutio en octobre ?
C’est un projet évoqué pour la première fois il y a plus de dix ans et bousculé, comme beaucoup d’autres, par les émeutes de mai 2024. Le FSH pourrait bientôt prendre ses quartiers au sein de son nouveau siège, situé à Dumbéa centre, devant l’Origin Cinema. Le complexe de 20 000 m2, qui a coûté plus de 4 milliards de francs, comprend également environ 150 logements. En partie dégradé, le bâtiment doit faire l’objet de travaux avant de pouvoir recevoir les équipes du FSH. Elles devraient être en mesure de s’y installer en octobre, espère la direction. Quant aux habitants, les premiers sont attendus dès le mois de juin.
Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes