La Polynésie prépare ses 224 « guides sanitaires » avant la réouverture des frontières

©Présidence de la Polynésie française

La Polynésie prépare ses 224 « guides sanitaires » avant la réouverture des frontières

Alors que le Haut-commissaire et le président de la Collectivité d’Outre-mer ont annoncé la réouverture des frontières polynésiennes le 1er mai, uniquement vers et depuis les États-Unis, 224 « guides sanitaires » se sont préparés, ce mercredi 14 avril, à cette date fatidique sonnant la reprise partielle du tourisme en Polynésie. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti. 

Ils sont venus en bus de leur commune respective jusqu’à la présidence de la Polynésie à Papeete, pour participer à un séminaire toute la journée de mercredi. Sous le chapiteau de la présidence, le président Édouard Fritch a pris un malin plaisir à chauffer la salle réunissant les 224 guides sanitaires, qui ont acclamé leur commune à chaque fois que le président saluait leur tavana (maire) ou leur représentant. 

Tout en les remerciant pour leur travail, eux qui sont sur le front depuis le mois de juin 2020, et en les encourageant à ne pas baisser les bras et à s’engager dans la campagne vaccinale. « L’épidémie est maîtrisée mais le virus est toujours là », a-t-il rappelé. « C’est tout le poids de votre action qui est aujourd’hui en train de payer. Nos protocoles sanitaires sont efficaces, aucun cas de variant ne s’est propagé. Mais la sortie de crise repose sur la réouverture des frontières et cela passe par la vaccination. Il faut rester mobilisé ». 

Lire aussi : La Polynésie rouvre ses frontières aux Américains, la Martinique se confine et la Guyane renforce le couvre-feu

Le président a ensuite clairement appelé les guides sanitaires « à partir à la chasse des carnets rouges » pour que tous se fassent vacciner, « recenser les personnes vulnérables », et leur proposer des solutions pour accéder aux vaccinodromes. Il a ensuite redonné les dates d’ouverture des vaccinodromes dans les districts, confondant avec plaisir primo-vaccination et premier tour d’une élection puis le rappel avec le second tour.

Des difficultés sur le terrain

Le Haut-commissaire, Dominique Sorain, a également salué « les aito (guerriers, ndlr) de la Polynésie française ». « Grâce à vous, nous avons touché l’ensemble de la population. Il faut aller chercher ceux qui n’ont pas voulu se faire vacciner, vous ne pourrez pas convaincre tout le monde mais il faut essayer ». 

Puis le séminaire a démarré avec les ateliers. Quatre étaient au programme : un animé par Tahiti Tourisme, un autre par la direction de la Santé, et deux par HSF Espace Formation. Pour Karine Villa, la fondatrice et gérante du centre de formation, « il faut convaincre les guides sanitaires d’être les ambassadeurs de la campagne vaccinale afin de rouvrir les frontières en toute sécurité ». Les guides étaient satisfaits de ce séminaire, leur permettant de raconter leurs difficultés sur le terrain, qui ont été nombreuses, et d’avoir des réponses sur la future réouverture des frontières. 

Le président de la Polynésie a ouvert ce séminaire dédié aux guides sanitaires ©Présidence de la Polynésie 

Pour Raihei de la commune de Paea, aborder les gens était la première des difficultés. « Comment nous présenter ? Comment présenter l’objectif de ce dispositif. C’était la grosse difficulté du départ. Ensuite, nous avons été confrontés à des personnes qui se posaient énormément de questions : pourquoi et comment on allait résoudre cette crise ? », a-t-elle expliqué. Pour Mataro, guide sanitaire de la commune de Faa’a, la rencontre avec les gens ne comprenant pas l’importance des gestes barrières était redoutée. Des personnes « réticentes qui ne comprenaient pas l’intérêt de notre rôle ». 

Rassurer la population, les prestataires et les touristes

Nicole Bouteau, ministre du Tourisme, également présente pour ce premier rassemblement de tous les guides sanitaires de Tahiti et Moorea, a insisté sur le besoin de « remobiliser tout le monde », quelques jours avant la réouverture des frontières aux touristes américains. Un protocole sanitaire a été proposé à l’État, s’adaptant à la situation de chaque voyageur : une quarantaine pour les personnes non-vaccinées et qui n’ont pas été malades et des mesures allégées pour les vaccinés ou ceux qui ont été malades. Sans compter l’inscription sur la plateforme ETIS, le traçage, les tests, etc. 

Les guides sanitaires auront donc leur rôle à jouer en rassurant la population, les prestataires et les touristes. « Il faut redonner de l’oxygène à l’industrie touristique en rouvrant les frontières et le faire en toute sécurité », conclut Karine Villa de HSF, qui a suivi depuis le début la formation des guides sanitaires, mis en place en juin 2020 pour la première réouverture des frontières du 15 juillet.

Lucie Rabréaud pour Radio 1 Tahiti