Grève générale en Polynésie : Un démarrage peu suivi, mais une mobilisation « progressive »

Des grévistes au Port autonome de Papeete, ce mercredi 24 novembre ©Radio 1 Tahiti

Grève générale en Polynésie : Un démarrage peu suivi, mais une mobilisation « progressive »

Les taux de grévistes sont restés bas dans l’administration et dans le privé ce mercredi au premier jour de la grève générale illimitée en Polynésie française, avec toutefois des perturbations plus importantes à l’Office des Postes et Télécommunications (OPT), au port, et dans certains aéroports. En conférence de presse, le président polynésien a accusé les syndicats d’aller « à contresens de l’intérêt général ». Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Les premières tendances sur l’étendue du mouvement de grève générale en Polynésie ont été données ce mercredi après-midi par l’exécutif de la Collectivité d’Outre-mer. Selon ses chiffres, seuls 0,95% des agents des services du Pays étaient en grève à 15 heures (locales).

Ce taux était de 0,93% dans l’éducation. La mobilisation a été un peu plus forte au sein du groupe OPT : l’office a dénombré 9,57% de grévistes dans ses rangs, jusqu’à 22,3% chez Onati (filiale chargée des télécoms), 38% de grévistes chez Vini Distribution (distributeur en téléphonie mobile), et 27,6% chez Fare Rata (postes). 19 bureaux de poste sur 59 ont d’ailleurs été fermés sur 59 au total. Du côté de la CPS, une quarantaine d’agents étaient en grève ce matin, perturbant certains services aux usagers. 

Côté privé, les chiffres de la mobilisation sont plus flous, mais elle reste très modérée dans la plupart des secteurs. Comme souvent lors des mouvements sociaux, les grandes entreprises sont un peu plus touchées : un piquet était notamment visible devant le siège d’EDT-Engie, à Faa’a, mais la grève n’aurait pas perturbé le service ou la production électrique. 

Selon la direction du travail, les hôtels ne sont pas touchés par le mouvement. Il y avait ce mercredi 30 grévistes chez Aéroport de Tahiti, qui a prévenu que des perturbations pourraient affecter les salons, de l’aéroport de Faa’a, son parking et le comptoir d’informations. La mobilisation des pompiers d’aéroports à Uturoa, commune principale de l’île de Raiatea (Îles Sous-le-vent) a en revanche eu des conséquences : l’ensemble des vols d’Air Tahiti vers Uturoa ont dû être annulés.

Le secrétaire général de la CSTP-FO, Patrick Galenon a visité ce matin plusieurs piquets de grève, dont celui du port, qui comptait une quarantaine de militants dont l’absence a perturbé le travail dans les sociétés d’acconage. Le secrétaire général de la CSTP-FO estime que cette mobilisation sera « progressive » et ira donc en se renforçant dans les jours à venir. Si les militants étaient invités, ce mercredi à « rester dans leur entreprise », « d’autres types d’actions » pourraient être envisagés dans les jours à venir. 

« Nous avons été trompés »

Lors d’une conférence de presse dans la matinée de mercredi, le président du gouvernement local a réagi à l’échec des négociations de ces six derniers jours et au lancement de la grève générale illimitée. Édouard Fritch accuse les syndicats grévistes de n’avoir jamais voulu éviter ce mouvement et d’aller « à contresens de l’intérêt général ». « Nous avons été trompés », a-t-il martelé, disant ressentir un mélange de tristesse, de déception et de colère.  

« Il est clair qu’aujourd’hui personne au sein de la délégation syndicale ne voulait en réalité éviter cette grève », explique-t-il. « J’ai le sentiment, en venant participer à ce dialogue avec le gouvernement, qu’ils ont voulu montrer bonne figure, profiter de la tribune médiatique, mais ils savaient déjà qu’ils ne signeraient rien ». À l’instar des Antilles, en proie à de vives violences, les revendications des syndicats concernent en premier lieu l’obligation vaccinale, mais aussi le pouvoir d’achat, la hausse des salaires ou encore la protection sociale. 

Mais contrairement à la Martinique et à la Guadeloupe -et du fait du statut de la Collectivité-, c’est directement au gouvernement local, et non à l’État que ces revendications des syndicats en Polynésie ont été adressées, dès la semaine dernière. Plusieurs réunions de négociations ont eu lieu depuis, mais la dernière, dans la nuit de mardi à mercredi, s’est conclue sur un échec.

Charlie René pour Radio 1 Tahiti