Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer et le ministre en charge des Outre-mer ont décollé ce samedi pour une visite en Nouvelle-Calédonie, afin de poursuivre le dialogue sur l'avenir institutionnel de l'archipel.
Pour rappel, cette visite avait été annoncée par la Première ministre Élisabeth Borne, lors de la Convention des partenaires, les 27 et 28 octobre dernier à Matignon. Ce rendez-vous politique, qui a notamment acté la mise en place de groupes de travail sur l'avenir institutionnel calédonien au lendemain des trois référendums d'autodétermination, avait été marqué par l'absence des formations politiques indépendantistes.
La première mission des deux ministres Gérald Darmanin et Jean-François Carenco sera de mettre en place ces groupes de travail, rassemblant politiques, coutumier et représentants de la société civile, qui devront réfléchir sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, et plus précisément sur un projet institutionnel post-accord de Nouméa. Il s'agira aussi d'intégrer les questions économiques, sociales, culturelles ou identitaires.
Les ministres devront aussi renouer le dialogue avec les indépendantistes. Les différents partis composant le Front de libération national Kanak et socialiste ont en effet décidé, lors de leurs congrès respectifs, de participer à des réunions bilatérales avec l'État, mais les partis entendent ont conditionné ce dialogue sur la seule et unique base de l'indépendance, assortie d'un éventuel partenariat avec la France.
De l'autre côté de l'échiquier politique, les loyalistes veulent pour leur part que l'État confirme au territoire un statut définitif de « Nouvelle-Calédonie dans la France », légitimé selon eux par leur victoire aux trois référendums d'autodétermination prévus par l'accord de Nouméa de 1998 et qui se sont tenus en 2018, 2020 et 2021. Mais les indépendantistes, qui ont boycotté le scrutin du 12 décembre 2021 en raison de la crise Covid, contestent le résultat de ce troisième référendum remporté à 96,5% par les partisans de la France, mais avec une participation de seulement 43,8% contre 85,69% en 2020 et 81,01% en 2018.
Loyalistes et indépendantistes ont toutefois un point commun : ils veulent que l'État sorte d'une supposée neutralité et prenne position. Ce qui entraînerait à coup sûr le départ d'un des protagonistes de la table des discussions.
Aides économiques, énergies et nickel
Parmi les autres sujets qui devraient être sur la table des discussions : l'aide que la France peut apporter à un territoire quasi exsangue, malgré les réformes engagées par le président indépendantiste Louis Mapou, les difficultés de la Société Le Nickel au bord de la cessation de paiement, tout comme le fournisseur d'électricité Enercal confronté à la hausse des prix des énergies fossiles ou encore, une grève de la fonction publique à l'arrivée des deux ministres, pour la revalorisation du point d'indice face à une inflation de près de 10% en un an.
Selon nos informations, si Gérald Darmanin restera sur l'archipel jusqu'au 4 décembre, Jean-François Carenco est attendu à Paris à partir de jeudi prochain pour poursuivre les débats parlementaires sur le budget de la mission Outre-mer au Sénat.