En Polynésie, le « bouclier-prix » sur les carburants a déjà coûté plus de 30 millions d’euros à la Collectivité

©Pascal Bastianaggi / Radio 1 Tahiti

En Polynésie, le « bouclier-prix » sur les carburants a déjà coûté plus de 30 millions d’euros à la Collectivité

Le Conseil des ministres en Polynésie a décidé de maintenir, malgré la hausse des cours, le prix du gazole nécessaire à la production d’électricité. La Collectivité d’Outre-mer poursuit donc sa logique de blocage des prix des hydrocarbures, en mettant en avant la préservation du pouvoir d’achat. Mais pour les finances publiques, la note commence à être très salée. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

55,18 francs (46 centimes). C’est le prix que devront payer Électricité de Tahiti et les autres producteurs d’électricité pour chaque litre de gazole destiné à alimenter les centrales thermiques. Un prix qui pourrait être beaucoup plus élevé : la valeur CAF des chargements aurait grimpé de 13,5% entre le mois de mai et le mois de juin.

Mais pas question – pour l’instant – de laisser ces prix faire bondir les factures d’électricité des Polynésiens : le conseil des ministres de la Collectivité d’Outre-mer a décidé ce matin que le Fonds de régulation des hydrocarbures (FRPH) prendrait en charge la différence entre le prix de revient et ce prix d’achat minoré.

Une dépense qui représente 142 millions de francs (près d’1,2 million d’euros) pour le seul mois de juillet, et qui « vient se cumuler avec celles relatives aux autres carburants déjà livrés ». « Ainsi, la dépense mensuelle totale du FRPH pour maintenir le niveau des carburants destinés à la production d’électricité s’élève à 438 millions Fcfp (3,67 millions d’euros) », écrit le gouvernement.

Cette décision confirme la politique de blocage des prix des carburants mise en place depuis le mois de février pour les professionnels comme pour les particuliers. Sans cette intervention massive du FRPH, alimenté par le budget de la Polynésie, les prix à la pompe – taxes comprises – pourraient être entre 30 et 40% plus élevés.

Cette politique de « bouclier-prix », mise en place au nom de la protection du pouvoir d’achat en ces temps d’inflation a un coût important : 1,3 milliards de francs (10,894 millions d’euros) pour le seul mois de juin. Et 3,6 milliards de francs (30,168 millions d’euros) au total depuis le début de l’année, assumés par la collectivité.

Combien de temps le gouvernement polynésien va-t-il pouvoir tenir cette ligne ? Difficile à dire. Le ministre des Finances avait parlé en mars d’une remise sur la table de cette politique au mois de juillet.

Radio 1 Tahiti