Entre un trafic maritime mondial saturé et la nouvelle politique commerciale d’Air France liée au fret, les importateurs de Nouvelle-Calédonie craignent une hausse des prix voire une pénurie de marchandises. Une situation qui inquiète également certains élus de l’archipel qui ont interpellé le ministre des Outre-mer. Un sujet de notre partenaire Actu.nc.
Les importateurs commencent à s’affoler sérieusement sur les capacités de la Nouvelle-Calédonie à s’approvisionner. Le transport maritime est en crise et la Nouvelle-Calédonie, petite île éloignée et au marché restreint, doit faire face comme beaucoup, à un manque terrible de conteneurs et à l’engorgement des ports d’Asie-Pacifique, ainsi que celui d’Auckland.
La crise de la Covid a suscité une hausse planétaire de la consommation et donc de la demande et le transport maritime a considérablement augmenté. Mais on ne peut pas satisfaire tout le monde et les marchés les plus importants sont fournis en premier. Les importateurs calédoniens doivent donc attendre sans même être certains que leurs réservations (le booking) seront assurées dans les temps.
L’hebdomadaire « l’Antenne », spécialisé dans l’actualité du transport logistique international, souligne que « cela prend souvent deux à trois semaines pour obtenir des conteneurs vides pour empotage au départ d’Asie puis une confirmation de booking de la part d’une compagnie maritime, sans parler des retards d’embarquements liés aux congestions portuaires ».
Du coup, les importateurs, via leur syndicat, la CCI ou le MEDEF s’inquiètent des conséquences de cette situation, et soulignent que des matières premières pour de nombreux secteurs, comme des produits de consommation provenant d’Asie ou des États-Unis vont inévitablement voir leurs tarifs augmenter entraînant une hausse des prix à la consommation.
On pourrait penser que nos approvisionnements venant en majorité de l’Hexagone, nous pourrions être épargnés par les hausses. Sauf qu’Air France ne joue pas le jeu, c’est le moins que l’on puisse dire ! Il faut rappeler que depuis la fermeture des frontières, le nombre de rotations en provenance de Paris a diminué. Du coup, les capacités de chargement de fret aérien ont également baissé.
Pour ajouter à la confusion, Air France a augmenté ses tarifs de fret de 20% ! On connaît la situation financière de la compagnie aérienne nationale, conduisant l’État à entrer dans son capital. Mais c’est la Nouvelle-Calédonie qui en fait les frais, car outre une hausse non négligeable de ses tarifs, Air France a revu toute sa politique commerciale à destination du Caillou. En clair, il n’est plus sa priorité.
Et cela se manifeste par une baisse de ce que l’on appelle « les allotements » que la compagnie attribue à ses clients, en clair, les importateurs ne disposent plus des mètres cubes dont ils auraient besoin pour acheminer les commandes de leurs propres clients. Clairement, Air France privilégie les marchés où la compagnie peut rentabiliser ses chargements, au détriment des marchés de moindre importance.
Conséquence, les importateurs sont contraints de faire venir moins de marchandises en Nouvelle-Calédonie, mais cela leur coûte plus cher, une situation intenable. La conséquence est là aussi connue d’avance : la politique commerciale d’Air France va se répercuter sur les prix des biens de consommation, et donc accroître le coût de la vie.
Actu.nc