La collecte des déchets est fortement ralentie par les dégâts causés par le cyclone Chido sur les infrastructures de traitement. Si elle reprend petit à petit, des zones tampon ont été mises en place dans chaque commune pour faciliter la reprise. Un sujet de notre partenaire Mayotte Hebdo.
Une montagne de sacs-poubelles : c’est ce qu’on peut voir à la mini-déchetterie expérimentale de Sada, après avoir dépassé Tahiti plage. Ce jeudi, on peut y observer un camion d’un sous-traitant de la commune déverser des détritus qu’il a ramassé plus tôt dans les rues du village. Il s’agit d’une des zones tampon mise en place depuis le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, afin d’organiser l’acheminement des déchets vers le centre d’enfouissement de Dzoumogné.
« On a mis en place ces zones pour que le ramassage puisse aller plus vite », explique Chanoor Cassam, directeur du syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam), qui gère la collecte sur l’ensemble de l’île hors communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) et le traitement des déchets.
Le centre d’enfouissement endommagé
Car le rythme de la collecte, ces deux dernières semaines, a été fortement ralenti, en témoignent les nombreux tas de sacs-poubelles aux abords des bacs de l’ensemble de l’île. Le centre d’enfouissement n’a pu rouvrir qu’une semaine et demie après le passage de Chido, qui a grandement abîmé les deux casiers destinés à recevoir les ordures.
Le premier, opérationnel depuis 2014, prend la forme d’un massif de déchets renforcé par de la terre. La grande quantité de pluie tombée le 14 décembre a fragilisé ce massif et rendu impossible pendant un temps que des engins puissent se rendre dessus pour broyer les déchets. Il a alors fallu pomper le lixiviat (eau de poubelle), pour que ce casier soit à nouveau opérationnel.
Le deuxième casier lui, qui devait commencer à recevoir des déchets en 2025, n’a pas pu prendre le relais, le géotextile le tapissant devant empêcher l’infiltration des détritus ayant été déchiré par les vents au moment du cyclone. Depuis la semaine dernière, le centre est de nouveau opérationnel, mais avec un système de quota pour les quantités de déchets enfouis. Le syndicat projette une ouverture entière la semaine prochaine.
Si les quais de transfert, où sont apportés les déchets collectés avant d’être acheminés vers le centre d’enfouissement, ont été plutôt épargnés dans l’ensemble, celui d’Hamaha à Mamoudzou et de Badamiers en Petite-Terre ont été fortement endommagés. Si ce dernier est opérationnel depuis lundi, l’installation d’Hamaha devrait de nouveau être opérationnelle ce vendredi. Du côté de la déchetterie de Malamani, à Chirongui, pas de dégâts notoires. « On est ouvert pour les petits dépôts, mais c’est vrai qu’avec les zones tampon, on reçoit moins d’encombrants que d’habitude », explique un agent sur place.
Une collecte freinée
L’ensemble de ces dégâts a fortement freiné la collecte, également ralentie par la difficulté des communications, l’obstruction des voiries et le difficile accès au carburant la première semaine. « On avait prévu avant le cyclone en remplissant les réservoirs des camions, mais cela permettait seulement de tenir deux jours », explique Chanoor Cassam. « C’est une gestion de crise inédite : le bouleversement de tous les réseaux d’un coup, c’est du jamais vu. Il y a eu un temps de reconstruction de nos ressources qui ne nous a pas permis de déployer la collecte immédiatement », ajoute-il.
La collecte a ainsi pu reprendre petit à petit la deuxième semaine, après que les communes ont commencé à rassembler les déchets dans les zones tampon, comme au terrain de pétanque de Sada, où un tas de tôles et d’encombrants accueille celles et ceux qui entrent dans le village. « On a donné comme consigne que les déchets soient triés en trois tas : un pour les ordures ménagères, un pour les encombrants comme la ferraille, le plastique, le bois, et un autre pour les déchets verts », explique le directeur du Sidevam, qui ajoute que ses agents feront un autre tri après.
200 agents de la Cadema mobilisés
Sur le territoire de la Cadema, où l’intercommunalité gère elle-même la collecte, l’action est coordonnée avec celle du Sidevam. Là aussi, six zones tampon ont été mises en place, comme au terre-plein de M’tsapéré. « Depuis le 19 décembre, la Cadema a été divisée en treize secteurs, et dans chacun, on travaille avec des engins lourds comme des camions, camions-plateau, grappin, afin de dégager la voirie », explique Fabien Trifol, directeur aménagement et environnement de la Cadema, qui affirme qu’environ 200 agents sont mobilisés chaque jour depuis cette date.
Ce dernier reconnaît que deux secteurs sont plus difficiles à déblayer que les autres : Bonovo-Mandzarsoa et Kawéni. Des opérations spécifiques y sont prévues dans les jours qui viennent. « On va pouvoir reprendre une collecte dégradée à partir du lundi 6 janvier, et on espère une collecte classique, de l’ordre de 60% à 70% de la capacité habituelle, à la mi-janvier », précise le cadre de la Cadema.
Pour les deux acteurs, la priorité est donnée aux ordures ménagères, afin d’éviter la prolifération des rats et le développement de maladies. « Tous les déchets qui pourrissent peuvent attirer les nuisibles et les rongeurs, c’est pour cela qu’il faut les mettre en tas bien à part », donne comme consigne Chanoor Cassam, qui ajoute que s’il est possible pour les particuliers de conserver quelques jours leurs encombrants, cela faciliterait le travail de collecte. Du côté de la Cadema, le besoin de procéder à de la dératisation ne s’est pas encore fait sentir. « On n’a pas de grosse prolifération, on est sur une situation qu’on maîtrise », affirme Fabien Trifol.
Marine Gachet pour Mayotte Hebdo