Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : Coutume, jeunesse et environnement pour la première journée de visite du président de la République

Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : Coutume, jeunesse et environnement pour la première journée de visite du président de la République

Après avoir remis lundi soir l’insigne de Commandeur de la Légion d’Honneur à Marie-Claude Tjibaou, le chef de l’État a entamé mardi sa première journée de visite en Nouvelle-Calédonie, entre coutume, jeunesse, environnement et agriculture.

 

Tôt ce mardi matin, le chef de l’État a débuté ce déplacement officiel, le 2ème en Nouvelle-Calédonie depuis 2018, par une cérémonie militaire sur la place Bir Hakeim de Nouméa, survolée par deux avions de combat Rafale présents dans la région dans le cadre de la stratégie indopacifique de la France. Une cérémonie suivie d’échanges avec des Calédoniens ayant fait le déplacement.

Le chef de l'État est vraiment entré dans le vif de sa visite en se rendant au Sénat coutumier, institution propre à la Nouvelle-Calédonie, représentante des tribus kanak. Emmanuel Macron a notamment participé à la traditionnelle cérémonie de la coutume, introduit par son ministre Gérald Darmanin. « Je suis heureux de vous retrouver et les mots que vous avez eus nous incitent à l'humilité » a déclaré le chef de l’État.

Dans son discours, Victor Gogny, président du Sénat coutumier, a dit espérer que la venue d'Emmanuel Macron favorise un « climat de confiance et de dialogue », alors que les négociations sur le futur statut institutionnel de l'archipel sont enlisées. « Nous formons le vœu que votre déplacement en Nouvelle-Calédonie marque véritablement le début d’un processus de réconciliation et de refondation », a-t-il ajouté. 

Le président du Sénat coutumier a toutefois mis en garde contre la volonté d'attendre « une ou deux générations » pour une éventuelle mise en œuvre du « droit à l'autodétermination » des Néo-Calédoniens, après les derniers référendums. « Cela peut être apparenté à un retour en arrière, et nous avons la conviction que la France doit vraiment construire et réussir avec le peuple kanak et les citoyens calédoniens notre modèle de décolonisation », a prévenu Victor Gogny.

En réponse, Emmanuel Macron a assuré que l’issue des trois référendums d’autodétermination « n’est pas un point final » mais « un point-virgule », appelant à « construire la suite ». Il a estimé que « bâtir » une « histoire commune », à travers un processus de « vérité et réconciliation », était « une bonne méthode ». « Un travail de mémoire et d'histoire » qui est « lent, humble, exigeant », a-t-il glissé. « Le grand risque qui est le nôtre, c'est de faire du sur-place » et « de s'enfermer » dans « une identité figée et un débat institutionnel avec à nouveau des rendez-vous pour voter », a insisté le chef de l'État.

Après le Sénat coutumier, Emmanuel Macron s’est rendu au Centre culturel Jean-Marie Tjibaou pour une séquence dédiée à la jeunesse, représentée par les jeunes du Service civique ou du RSMA. « L'engagement pour la jeunesse est au cœur de ce que nous voulons pour la Nouvelle-Calédonie » a assuré le président de la République. « Nous sommes à une époque où il y a parfois beaucoup de doutes (…), mais ce qui nous importe et ce que nous devons à chaque jeune c’est qu’il puisse trouver sa place et construire son avenir », a-t-il ajouté. « L’objectif est de donner des perspectives à notre jeunesse et lui dire qu’elle est au cœur du projet que nous portons ». 

L’autre volet important de cette visite concerne l’environnement et plus particulièrement le réchauffement climatique avec une séquence sur l’érosion du littoral à Touho, sur la côte nord-est calédonienne. Cette commune, particulièrement touchée par ce phénomène, a concentré, le temps d’une visite, toutes les inquiétudes des Calédoniens à ce sujet. « Je pense que ça concerne l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie » a estimé Alcide Ponga, maire de la commune voisine de Kouaoua. « Ici, sur la côte est, on a les infrastructures et des maisons qui risquent d’être touchées (…). Sur la Grande Terre, ça nécessiterait peut-être de s’installer sur les montagnes, en hauteur. Mais quand vous prenez nos collègues des îles, là, ils ont vraiment l’enjeu de savoir où se déplacer ».

« Dans le cadre du chemin futur et des projets à venir, je suis prêt à ce que l’État prenne un engagement vis-à-vis de vous mais il faut que ça soit l’objet d’un consensus, des maires, des provinces, du gouvernement et des autorités coutumières » a assuré le chef de l’État, soulignant un « enjeu régalien ». « L’impact est tel qu’il faut peut-être se doter d’instrument exceptionnel y compris en terme financier » a-t-il ajouté, alors que sur place, le directeur de l’AFD a annoncé qu'une enveloppe d’un peu plus de 500 000 euros devrait être mobilisée pour financer des études, suivie de prêts aux taux réduits pour les collectivités. 

Emmanuel Macron s’est dit aussi « prêt à mettre des financements et des expertises » pour l’accompagnement des familles touchées par l’érosion. « Ensuite on va inscrire cette stratégie de manière régionale pour avoir des instruments de mesure, de recherche de modélisation, pour anticiper les phénomènes dans les années à venir, pour mieux utiliser les savoir-faire des peuples autochtones. Ça, ce sont des initiatives que nous avons déjà lancées et sur lesquelles nous allons accroître les financements » a-t-il aussi assuré.

Le président de la République a poursuivi sa visite par une séquence dédiée à l’agriculture calédonienne, dans la commune de Moindou en province Sud. Un secteur lui aussi face à ses problématiques, à la fois climatiques et économiques, avec le poids de l’importation, l’inflation ou encore l’attractivité. 

Si cette première journée de visite s’est cordialement déroulée pour le président de la République, quelques manifestations ont eu lieu en marge de la visite du chef de l’État, notamment au siège de l’USTKE et des comités de l’Union calédonienne, membre du FLNKS, ont annoncé quelques mobilisations durant la visite du président. Il faut dire que le troisième et dernier référendum d’autodétermination, boycotté par les indépendantistes, demeure contesté par ces derniers. Et depuis sa tenue, l’État semble patiner sur l’avenir institutionnel de l’archipel.

« Notre devoir commun », « c'est maintenant de bâtir l'avenir », avec « audace », a estimé de son côté le président, appelant à « regarder l’avenir ensemble ». Ce mercredi, le chef de l’État doit réunir tous les partenaires politiques calédoniens, malgré que l’Union calédonienne affirme son intention de boycotter la rencontre. Ce temps politique sera suivi d’un discours sur la Place des Cocotiers à Nouméa.

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