Éducation : Les enseignants de Polynésie française expérimentent les IA génératives

Image générée par IA ©Le Chat

Éducation : Les enseignants de Polynésie française expérimentent les IA génératives

On ne peut plus les ignorer : les IA génératives font désormais partie du quotidien des élèves et des enseignants. Si elles suscitent parfois de l'inquiétude, le monde de l'Éducation en Polynésie a entrepris de les apprivoiser et d'en faire un outil. Le 14 mai, était organisée la première journée de l'innovation pédagogique. L'occasion d'échanger sur le sujet avec notre partenaire TNTV.

Les IA génératives sont devenues un outil incontournable, y compris dans le monde de l’éducation. Depuis plus d’un an, la direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE) s’intéresse au sujet. Elle a fait appel à Margarida Romero, chercheuse et enseignante.

Elle « nous accompagne pour mettre en place des groupes expérimentaux pour intégrer l’IA dans les pratiques éducatives du premier degré jusqu’au second degré », explique Caroline Mauze, cheffe du département de la formation continue et de l’innovation. « On a un groupe de formateurs qui accompagne les projets de manière proximale dans les établissements avec plus de dix projets que nous menons actuellement sur le terrain ».

« Ces formations vont aboutir à l’édition d’un livre blanc avec l’ensemble des pratiques pédagogiques que nous soutenons et qui pourraient être valorisées auprès des autres collègues », ajoute Caroline Mauze. Un MOOC, module de formation en ligne de 3 heures à destination des enseignants, a été mis en place. Un premier guide de l’utilisation de l’IA dans l’éducation a également été publié et distribué le 14 mai dernier à l’occasion de la toute première journée de l’innovation pédagogique.

Chez les participants ce jour-là, le discours est le même : l’IA générative doit rester un outil, encadré. Pour Christophe Tellier, proviseur du lycée de Papara, « l’école doit essayer d’appréhender la chose en coopération entre nous, adultes, mais aussi avec les élèves pour donner un mode de fonctionnement et une utilisation de l’IA pour que l’élève garde à l’esprit, que l’esprit critique, que l’analyse est indispensable pour pouvoir travailler et avoir un avenir. (…) Il y a un enjeu majeur, c’est que quoi qu’on fasse, il faut garder le facteur humain comme étant le centre de notre action. Parce que rien, ni aucun outil, ni aucune machine ne viendra remplacer ce facteur humain. »

Expérimentation, sincérité

Christophe Tellier parle d’une démarche de « sincérité ». Selon lui, un élève qui utiliserait l’IA pour un devoir devrait pouvoir en faire part à son professeur. Tout comme un enseignant devrait pouvoir expliquer qu’il a été assisté de l’IA pour nourrir le contenu de sa formation. « Je pense qu’il faut donner ce cadre et il faut l’accompagner en ouverture et en dialogue avec les uns et les autres. »

Mohea Wohler enseigne à des élèves de CE1. La professeure des écoles a testé ChatGPT comme assistant. Pour elle, le bilan est plutôt positif : « J’ai utilisé l’IA pour aider mes élèves à produire de l’écrit. La production de l’écrit, c’est un défi et j’ai vu en l’IA un outil avec un grand potentiel pour aider les élèves à produire. J’ai utilisé un outil grand public, c’est ChatGPT de OpenAI, mais je n’ai pas utilisé tel quel. J’ai utilisé une version payante dans laquelle je pouvais cadrer les promptes, et donc les élèves ne pouvaient pas accéder à n’importe quelle demande sur ma version. »

Du côté des professeurs, l’IA sert aussi à la formation. À l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé), un partenariat a été acté avec l’université de Rennes. L’établissement a développé un assistant conversationnel qui permet d’interroger des documents spécifiques, RAGaRenn« Ça fait partie d’une expérimentation que l’on va mener à partir de la rentrée prochaine », explique David Caisson, responsable du service numérique et innovation à l’Inspé de la Polynésie française. « On va interroger à l’aide de l’IA des documents que l’on a ciblés auparavant. Pour les étudiants de l’Inspé, ça peut être des programmes officiels pour préparer les concours. Ça peut être également des articles de recherche, parce que certains doivent rédiger un mémoire de recherche. »

Dans l’Hexagone aussi, les réflexions sont engagées pour l’établissement d’une charte encadrant l’usage de l’IA à l’école. Le développement d’une IA souveraine est également à l’étude pour soutenir les enseignants dans leurs pratiques.

Manon Kemounbaye pour TNTV