Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : « L’État est prêt » assure Gérald Darmanin

Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : « L’État est prêt » assure Gérald Darmanin

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et le ministre chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, ont débuté ce jeudi un nouveau déplacement en Nouvelle-Calédonie, avec comme fil rouge toujours, l’avenir institutionnel de l’archipel.

Et la visite des deux ministres est très vite entrée dans le vif du sujet, avec la présentation du bilan de l’accord de Nouméa, en présence également des délégations indépendantistes et non indépendantistes. « On est satisfait de cette première trilatérale puisque les trois partenaires de l’accord étaient là » a déclaré à la sortie le député Renaissance Nicolas Metzdorf.

La délégation FLNKS de son côté réfute les termes de trilatérale, puisqu’ils n’étaient pas question pour eux d’échanger sur les sujets liés à l’avenir institutionnel de l’archipel. Les indépendantistes restent sur leur ligne : il est encore trop tôt pour des trilatérales et les sujets à évoquer en bilatérale avec l’État sont encore nombreux.

Sur le bilan de l’accord de Nouméa, salue un document intéressant et objectif mais qui contient des manquements aux engagements de l’accord : « la question des terres par exemple », justifie le président du Congrès Roch Wamytan. « Il n’y a pratiquement rien d'évoquer sur les lacunes et les manquements de l’accord de Nouméa sur les terres, fondement de l’identité kanak. On voit bien que certaines propositions et recommandations faites dans le document d’orientation n’ont pas été respectées » a-t-il estimé.

Pour l’élue non indépendantiste Virginie Ruffenach, ce « bilan est très précis, avec des choses très factuelles », citant par exemple les « 315 milliards investis pour le rééquilibrage (…), avec la nécessité de voir où sont passés ces fonds aujourd’hui ». « Il y a eu des éléments très précis qui permettent de dire qu’il faut sortir de ce système, que nous n’y sommes pas en termes d’émancipation économique malgré les fonds colossaux investis par l’État et les collectivités publiques ».

Plus tard, les élus et ministres ont aussi participé à l’audit sur la décolonisation et les enseignements, sans surprise, diffèrent selon les délégations. Du côté non indépendantiste, on estime que la décolonisation est achevée et que l’archipel doit être retiré de la liste des territoires non autonomes de l’ONU. Du côté indépendantiste, le contenu de l’audit est loin d’être satisfaisant et présente plusieurs manquements au bilan de ces trente dernières années. « Le kanak n’est pas au cœur de l’identité calédonienne comme ce qui était prévu » a estimé Roch Wamytan.

Plus tôt dans la journée, les ministres Darmanin et Carenco ont participé au séminaire sur la transition énergétique des entreprises, organisé par la Fedom dans tous les territoires ultramarins. Interpellé par la présidente du Medef local, Mismy Daly, Gérald Darmanin a assuré que « l’État est prêt », et même s’il a « bon espoir » pour la suite des discussions, il prévient : « viendra le moment où le président de la République va prendre des décisions à la place des Calédoniens ».

Pour l’avenir institutionnel de l’archipel, le ministre avait en outre envoyé une lettre aux partenaires politiques calédoniens que la rédaction d'Outremers360 a pu se procurer, dans laquelle il détaille les priorités de l’État pour la suite des discussions : dégel du corps électoral, la reconnaissance du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France conformément aux résultats des trois référendums et l’accompagnement à l’autodétermination.

Rappelant à ce sujet la Constitution et la charte des Nations unies qui garantissent le droit des peuples autochtone, Gérald Darmanin a insisté sur la « capacité pour chacun des peuples d’Outre-mer à demander l’autodétermination », tout en posant la question des « moyens d’accéder à cette autodétermination ».