Dégel du corps électoral, droit à l’autodétermination, transfert des compétences régaliennes : ce vendredi, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, accompagné par le ministre délégué aux Outre-mer, a réuni les partenaires politiques calédonien pour avancer sur les discussions de l’avenir institutionnel de l’archipel.
En visite en Nouvelle-Calédonie depuis ce jeudi, Gérald Darmanin et Jean-François Carenco ont poursuivi les discussions politiques vendredi matin autour de pistes de travail avancées par le locataire de la place Beauvau : ouverture du corps électoral aux personnes installées depuis 7 ans, déclenchement des modalités du droit à l’autodétermination d’ici une à deux générations et possibilité du transfert des compétences régaliennes.
« Nous avons fait des contre-propositions » a déclaré Victor Tutugoro, porte-parole de la délégation indépendantiste du FLNKS, reçue en premièr par Gérald Darmanin et Jean-François Carenco. Si ces contre-propositions n’ont pas été dévoilées, on sait déjà que le délai d’une à deux générations pour le déclenchement des modalités du droit à l’autodétermination, « ça fait beaucoup trop » pour les indépendantistes. Une position déjà exprimée, moins pudiquement, par l’Union calédonienne, qui la considérait comme une « insulte au processus en cours».
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Ressenti plus optimiste sur le terrain des compétences. Selon Victor Tutugoro, « le ministre nous a redit que l’accord de Nouméa reste le plancher » du transfert de ces compétences. En d’autres termes, les compétences transférées depuis 1998 ne reviendraient pas à l’État. « D’ici à une prochaine constitution, la voie de transferts éventuels ou de discussions sur des transferts éventuels restent ouverts » a expliqué Victor Tutugoro, qui a notamment évoqué l’identité kanak, les relations régionales.
Soulignant à la fois des « accords » et des « profonds désaccords », Nicolas Metzdorf, député Renaissance et membre de la délégation non indépendantiste pour le groupe Les Loyalistes, a signifié le refus de son groupe à poursuivre l’émancipation de l’archipel ainsi que le transfert des compétences régaliennes et l’ouverture du corps électoral « à sept ans, qui est pour nous trop élevé (le ministre a proposé une ouverture pour les personnes résidant depuis au moins 7 ans, ndlr) ».
« Calédonisation » des compétences régaliennes
« L’ouverture du corps électoral est une nécessité absolue » a insisté Philippe Michel, membre du parti Calédonie ensemble, également au titre de la délégation non indépendantiste, mais sur une position visiblement plus consensuelle puisqu’il appelle à « des propositions acceptables par les deux camps ». Et si Paris n’entend pas remettre en cause la citoyenneté calédonienne, l’élu estime que celle-ci « ne peut pas rester la plus fermée au monde ». « On souhaite que ça aille un peu plus loin avec l’intégration dans le corps électoral des conjoints de citoyens » a-t-il ajouté.
Sur le transfert des compétences et le droit à l’autodétermination, là encore, Calédonie ensemble se montre moins inflexible que Les Loyalistes. « Les Calédoniens ont dit trois fois « non » au transfert des compétences régaliennes, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas être impliqué ou associés à l’exercice des compétences régaliennes » a poursuivi Philippe Michel, évoquant une « Calédonisation » et un « partage » de ces compétences.
Sur Twitter, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a salué une « réunion très constructive avec la délégation indépendantiste calédonienne ». « Nous sommes convenus de travailler ensemble sur les questions importantes contenues dans le courrier que je leur avais adressé. Nous nous reverrons dimanche pour poursuivre nos travaux », a-t-il ajouté. « Merci à la délégation non-indépendantiste calédonienne pour la qualité des échanges que nous avons eus aujourd’hui » a-t-il également ajouté un peu plus tard, avant de se rendre à l’Université de la Nouvelle-Calédonie pour une séquence sur l’innovation.