Elle est l'artiste qu'il faudra suivre dans les prochains mois: la chanteuse mahoraise Zily vient de sortir son premier EP, Imani na Amani. Comprenez Foi et Paix. Après plus de 20 ans à oeuvrer pour la culture et les traditions de Mayotte à travers la musique, Zily revient donc avec de nouvelles ambitions. Son nouveau  projet musical  a été présenté au public le 8 mars dernier à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.  Fort de 9 titres aux sonorités aussi traditionnelles que modernes, c'est toute une identité musicale renouvelée que Zily veut présenter à Mayotte, à la région de l'océan Indien, à l'Afrique de l'Est, à l’Hexagone et aux autres territoires du monde. Zily a accordé un entretien à Outremers360, à l'occasion de la sortie de Imani na Amani.

L'Ep est porté par les titres Tsika ( 1,7 million de vues sur YouTube), Amani ( 1,1 million de vues sur YouTube) ou encore Zaina ( 146 000 vues en 10 jours). Mais déjà, d'autres titres de l'EP promettent de devenir des tubes à l’instar de Moina Bibi ( écoutez l’EP ici ->  spoti.fi/3JqSVmB).

Outremers360 : Zily, parlez-nous de vous et de votre EP qui vient de sortir.

Zily : Je suis une femme qui porte son île dans son cœur. Cet amour, je le transmets  à travers la musique, les danses de chez nous   ; mais aussi à travers la mise en avant de notre culture au quotidien, parce qu'elle est riche et mérite d'être connue dans le monde entier. Je suis une artiste qui aime mélanger les airs traditionnels et les sonorités modernes. C'est comme cela que j'ai imaginé Imani na Amani. Dans cet EP, on retrouve un peu de l'océan Indien, un peu de l'Afrique de l'Est et beaucoup de Mayotte. Il y a du Mgodro, rythme bien de chez nous, mais aussi de l'amapiano, ces sonorités qui viennent d'Afrique du Sud. On retrouve de l'afrobeat, un peu de la Grande Comore,  un peu de Madagascar aussi, car c'est une moitié de moi... C'est un bouquet de la région en shimaoré et en kibushi, deux langues parlées à Mayotte. 

Outremers360 : Comment s'est passé le travail de production ?

Zily: On a commencé à travailler il y a  plus d'un an. Ce fut long, mais mon public m'a donné la force et le courage d'aller plus loin et de porter les couleurs de Mayotte jusqu'aux plus hauts sommets, malgré les difficultés. Imani na Amani est composé de 9 titres. Presque tous ont été composés par un beatmaker de talent: StillNas. Il a travaillé avec de grands artistes de l’Hexagone et du continent africain. Je suis très heureuse de notre collaboration et j'espère que nous pourrons travailler sur d'autres projets, car il a su comprendre et traduire ce que je voulais transmettre, avec les titres Amani et Zaina, par exemple. D'autres beatmakers ont apporté leurs savoir-faire: Aznar Zahora pour le titre Nguizi Sukari qui est très apprécié et Salim Combo pour la touche traditionnelle, que mon public adore.

Outremers360: Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

Zily : La filière de l'industrie musicale  à Mayotte est en train de se structurer mais le chemin est encore long: il y a tant à faire! Cela reste compliqué pour certaines personnes de comprendre qu'être un artiste c'est avant tout un métier: il y a l’artiste que l'on voit, mais qu'il y a aussi toute une équipe derrière qui nous suit, qui nous aide à nous structurer, à nous développer... Derrière chaque spectacle, ce sont des heures de répétitions avec les choristes, les musiciens, quand on les trouve... Derrière chaque morceau, ce sont parfois des nuits blanches avant de pouvoir présenter un produit fini. Tout cela a un coût. On essaye tant bien que mal de vivre de la musique, parce que oui, c'est une passion, mais c'est aussi un travail .

Outremers360 : Et aujourd'hui, vous vivez de la musique   ?

Zily : J'espère vivre pleinement de la musique un jour, mais pour le moment, nous construisons les bases.

Outremers360: C’est quoi la suite?

Zily: Une tournée, très prochainement!  Des festivals, aussi. Et surtout, porter la voix de Mayotte dans le bassin du canal du Mozambique et ailleurs. Nous sommes proches géographiquement et culturellement des autres territoires de la côte est-africaine aussi je voudrais collaborer avec d'autres artistes du continent, que l'on se découvre à travers la musique et que l'on crée de nouveaux ponts entre nos territoires.

P.A