À l’occasion du Ve Sommet des chefs d'Etat de Commission, le président Emmanuel Macron a affirmé depuis la capitale malgache la volonté de la France de renforcer son rôle dans la coopération régionale autour de la sécurité alimentaire, maritime et climatique. Le Président de la République a notamment défendu l'intégration de Mayotte dans la Commission de l'Océan indien.
En ouverture, Emmanuel Macron a souligné l’importance de la Commission de l'Océan Indien en quatre décennies d'existence ainsi que sa solidarité et son union.« Notre commission a démontré sa capacité en agissant de concert avec des succès dans les domaines de la santé, de la sécurité maritime, de la protection de la pêche, de nos écosystèmes ou de la lutte contre les trafics».Mais dans un contexte international bouleversé, le président a plaidé pour un renforcement de cette coopération régionale. « Aujourd'hui, l'état du monde nous impose encore davantage de nous unir autour de cette culture, de cette identité, et d'en faire le carburant de notre méthode multilatérale pour unir et protéger davantage, à travers des projets communs, nos peuples qui ont l'océan indien et l'insularité en partage», a-t-il affirmé.
Sécurité alimentaire : un chantier prioritaire
Le sommet était placé sous le signe de la sécurité alimentaire, enjeu majeur pour la stabilité de la région. «Les conflits engendrent la faim, la faim engendre les conflits», a rappelé le président français.«Travailler à notre sécurité alimentaire, à celle de nos partenaires, c'est travailler à la sécurité et la stabilité de nos territoires respectifs. C'est le meilleur investissement à la paix et à la prospérité», a-t-il poursuivi en soulignant l’engagement de la France à hauteur de 750 millions d’euros d’ici 2030 pour financer des projets liés à la sécurité alimentaire dans le monde, dont plus de 120 millions seront dédiés à des initiatives dans le sud-ouest de l’océan Indien.
Pour Emmanuel Macron, trois axes d’action doivent être établis pour garantir cette sécurité alimentaire. Il a plaidé pour une « stimulation de la production locale, une harmonisation des normes sanitaires et la création d'un espace régional d’échanges agricoles et agro-logistiques».
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Sécurité maritime renforcée avec renforcement des FAZSOI et une Académie de l'Océan indien
Le chef de l’État a ensuite insisté sur l’importance de formuler une réponse régionale coordonnée face à l'ensemble des menaces que connaît le bassin de l'Océan indien. « Pour prévenir les pollutions marines, aider les navires en difficulté, lutter contre les trafics, qu'il s'agisse de la pêche illégale, des trafics de drogue, nous avons besoin d'une action structurée et coordonnée autour de l'architecture de sécurité maritime dont nous sommes dotés.Tous, dans la région, nous sommes touchés par ces trafiquants qui viennent prélever ce qui n’est pas à eux», a-t-il lancé.
Emmanuel Macron a annoncé une hausse de 15 % de la présence militaire française à La Réunion et Mayotte, et salué l’exercice interarmées TULIP, en cours à Madagascar, mobilisant 1 500 militaires des États membres. Une Académie de l’océan Indien sera également lancée à La Réunion pour renforcer la formation et la coopération régionale.
Les récents cyclones Chido et Garance ont mis en lumière la vulnérabilité des îles de la région. Emmanuel Macron a remercié la COI pour sa solidarité avec Mayotte et La Réunion. « La question climatique est un défi existentiel pour nos îles», a-t-il affirmé, rappelant que la France est le premier bailleur de la COI, via notamment l’AFD (125 millions d’euros de projets en cours).
Vers une intégration régionale renforcée
Le président français a plaidé pour une intégration complète de toutes les îles dans les programmes de la COI, en particulier Mayotte dont l'adhésion à la Commission de l'océan Indien (COI) est bloquée par l'Union des Comores qui assure la prochaine présidence de l'instance. « Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l’écart d’un certain nombre de nos programmes. L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité dans la pluralité de ses dimensions, maritime, alimentaire et pour la santé, sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région» a déclaré Emmanuel Macron. Une demande vite rejetée par le président des Comores Azali Assoumani qui a affirmé l'appartenance comorienne de Mayotte dans son discours introductif.
Enfin, Emmanuel Macron a rappelé que la France accueillera la Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice, du 9 au 13 juin 2025, et a exhorté les États à ratifier le traité BB&G sur la haute mer. « Dans un contexte international de plus en plus complexe, singulièrement dans la zone Indo-Pacifique, La COI est un modèle de coopération pour le développement et l'attractivité de nos îles. Aucune de nos îles ne peut relever seules les défis qui se présentent à tous.» a-t-il conclu.