Sécurité alimentaire, crise climatique, développement économique… : les grands enjeux du cinquième Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Commission de l'océan Indien, le 24 avril

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Sécurité alimentaire, crise climatique, développement économique… : les grands enjeux du cinquième Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Commission de l'océan Indien, le 24 avril

La Commission de l’océan Indien (COI) réunira les chefs d’État et de gouvernement de ses cinq membres à Antananarivo (Madagascar), jeudi 24 avril 2025, onze ans après le dernier Sommet de Moroni (Comores) en 2014. Cette cinquième rencontre dressera le bilan de quatre décennies de coopération et se penchera sur des questions cruciales pour la région : la sécurité et la souveraineté alimentaires, les bouleversements climatiques, les perspectives économiques et la préparation de la Conférence des Nations unies sur l’Océan, entre autres. En filigrane, le délicat problème de l’adhésion de Mayotte à la COI. Explications avec Outremers360.

Les instances dirigeantes du Sommet ont également pour objectifs de renforcer la coordination régionale face aux bouleversements climatiques, et de réfléchir aux questions énergétiques, économiques, et relatives à la biodiversité. D’après un communiqué de la COI, « le Sommet placera au cœur des discussions la sécurité et la souveraineté alimentaires en Indianocéanie. Les chefs d’État et de gouvernement échangeront ainsi sur des solutions pour transformer les systèmes agricoles, renforcer la résilience face aux crises climatiques et économiques, et améliorer la connectivité et le commerce régional ».

Les dirigeants participant au Sommet seront : Azali Assoumani (président de l’Union des Comores, État qui assure actuellement la présidence de la COI), Emmanuel Macron (président de la République française, pour La Réunion), Andry Rajoelina (président de Madagascar), Navinchandra Ramgoolam (Premier ministre de Maurice) et Wavel Ramkalawan (président des Seychelles). À noter qu’avant Madagascar, le président français se rendra à Mayotte et à La Réunion et terminera sa visite dans l'Océan Indien par Maurice.

En marge de la réunion plénière, il y aura des événements comme le Business Forum Régional, qui rassemblera des décideurs politiques, des chefs d’entreprises et des institutions économiques pour favoriser les échanges et les investissements au sein de la COI. « Les participants exploreront des opportunités de coopération dans des secteurs clés tels que l’agro-industrie, le tourisme et les énergies renouvelables », précise le programme. Ces rencontres devraient s’achever par la signature d’accords de partenariat et l’adoption d’une feuille de route visant à renforcer l’intégration économique régionale.

Définir une position commune avant la Conférence des Nations unies sur l’Océan

Il y aura aussi un colloque sur l’égalité femme-homme et la lutte contre les violences basées sur le genre. Elle réunira des représentants gouvernementaux, des organisations internationales et des acteurs du secteur privé pour dialoguer sur les initiatives à mettre en place en faveur de l’autonomisation des femmes et renforcer les dispositifs de protection. « L’accent sera mis sur le rôle du secteur privé dans la promotion de l’entrepreneuriat féminin et sur la mise en place de politiques favorisant une plus grande inclusion des femmes dans l’économie », ajoute le document.

Par ailleurs, en amont du Sommet du 24 avril, une Conférence ministérielle du Programme-cadre régional de sécurité alimentaire et de nutrition (PRESAN) de la COI, avec l’appui de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et d’autres partenaires comme l’Union européenne et de l’Agence française de développement (AFD) s’est tenue du 19 au 21 mars 2025 à Madagascar. « La région de l’océan Indien est confrontée à des défis croissants en matière de sécurité alimentaire, exacerbés par les effets du changement climatique qui affecte négativement la productivité agricole, les perturbations économiques mondiales et la dégradation des ressources naturelles. Face à ces enjeux, les États membres de la COI ont réaffirmé leur volonté d’adopter des stratégies communes pour renforcer la résilience des systèmes agricoles et alimentaires », souligne une déclaration commune de la Commission et de la FAO.

À l’occasion de la réunion du 24 avril, les membres de la COI veulent en outre parvenir à une position commune dans la perspective de la Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC) qui se tiendra en juin 2025 à Nice. « Cette conférence mondiale représente en effet une opportunité stratégique pour les États membres de la COI de faire entendre leur voix sur les enjeux de gouvernance des océans, de pêche durable, de résilience des écosystèmes marins et côtiers et de connectivité maritime, leviers essentiels pour la sécurité alimentaire », affirme l’institution.

La COI en bref

La Commission de l’océan Indien est une organisation intergouvernementale composée d’îles qui rassemble cinq États membres : l’Union des Comores, la France au titre de La Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Mise en place lors de la Déclaration de Port-Louis (Maurice) en 1982, la COI a été institutionnalisée aux Seychelles en 1984 par un accord général de coopération, plus connu sous le nom de « l’Accord de Victoria ». En 2016, un statut de membre observateur à la COI a été créé. Ces derniers sont actuellement au nombre de six : la Chine, le Japon, l’Inde, l’Union européenne, l’Organisation internationale de la francophonie, l’Organisation des Nations unies et l’Ordre souverain de Malte. Ces observateurs sont invités aux grands rendez-vous de l’organisation et travaillent parfois sur ses principales problématiques (solidarité régionale à travers des projets de coopération, développement durable, préservation des écosystèmes, gestion des ressources naturelles, sécurité maritime, entrepreneuriat, santé publique, énergies renouvelables, culture, etc.)

Reste le cas épineux de Mayotte, dont les autorités locales ou parlementaires ont plaidé à plusieurs reprises auprès du gouvernement français leur souhait de devenir membre à part entière de la délégation française au sein de la COI, et ainsi d’intégrer les instances décisionnelles de la Commission. Problème : les Comores s’opposent catégoriquement à l’adhésion du 101e département français à l’organisation, arguant que Mayotte est de fait membre de la COI « puisqu’elle fait partie intégrante de l’archipel des Comores » (sic). Par ailleurs, en vertu du principe de consensus régissant le fonctionnement de la Commission, il faudrait l’unanimité de ses membres pour ratifier l’intégration de Mayotte. Ce qui signifie que rien ne bougera tant que les Comores ne changeront pas d’attitude sur ce dossier. Une situation qui envenime un peu plus les tensions récurrentes entre Paris et Moroni.

PM