Nouvelle-Calédonie : un linguiste de l'Université de Princeton s'intéresse à la grammaire de la langue Paicî

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Nouvelle-Calédonie : un linguiste de l'Université de Princeton s'intéresse à la grammaire de la langue Paicî

En mission en Nouvelle-Calédonie, le linguiste Florian Lionnet, chercheur à l’université de Princeton (États-Unis), mène une étude approfondie sur la langue Paicî. Cette langue kanak, parlée notamment dans la région de Ponérihouen, est actuellement l’objet d’une enquête linguistique de terrain visant à mieux comprendre son fonctionnement grammatical. Focus avec le reportage de nos partenaires de CALEDONIA.



Durant plusieurs semaines, le chercheur recueille des données en enregistrant les locuteurs dans leur quotidien. Ces enregistrements permettent de capter l’usage vivant du Paicî et d’analyser les structures de la langue dans des contextes spontanés.
Florian Lionnet explique  au micro de Calédonia: « Le Paicî est une langue à ton, comme beaucoup d’autres langues du monde, la plus connue est le chinois mandarin. En Paicî, les mots ont leur propre ton, mais quand on les met ensemble pour faire des phrases, les tons s’influencent les uns les autres, et on peut avoir des mots qui se prononcent avec des tons différents en fonction du contexte grammatical ».

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Spécialiste des langues tonales, le linguiste collabore avec l’Académie des langues kanak (ALKA) dans l’élaboration d’une grammaire du Paicî. Cette démarche vise à préserver et valoriser ce patrimoine linguistique. « La grammaire n’a de sens que si elle est illustrée, si on montre des phrases de langue utilisée en contexte spontané, qui illustrent les différentes règles, et ça c’est ce qu’on tire des textes qu’on a enregistrés puis transcrits, ce qui permet d’avoir des données sur les règles de la langue, ce qu’il convient de faire et ce qui n’est pas correct pour cibler un peu la grammaire précise et les structures de la langue », précise-t-il.

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Pour Hélène Nimbayes, locutrice de Paicî à Ponérihouen, cette langue porte une forte dimension identitaire : « J’ai l’habitude de conter l’histoire avec les touristes, je suis obligée de parler en français, mais je ne trouve pas tellement les mots. Parce que tu t’inspires quand tu parles en Paicî, parce que c’est l’histoire de Paicî, c’est l’histoire de Kanak, et il faut le conter en dialecte ».

Une proposition d’écriture de la langue avait déjà été publiée en 2013. Depuis, l’ALKA poursuit son travail de sauvegarde et de transmission des langues kanak, dont le Paicî constitue l’un des éléments fondamentaux. 

 

Damien CHAILLOT