Guyane : À Awala-Yalimapo, les habitants interpellent Manuel Valls face à l’urgence climatique

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Guyane : À Awala-Yalimapo, les habitants interpellent Manuel Valls face à l’urgence climatique

En visite officielle à Awala-Yalimapo, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a été directement interpellé par les habitants du village, confrontés depuis 2019 à une érosion accélérée du littoral et à la menace croissante de submersion marine. Les riverains dénoncent l’insuffisance des mesures prises jusqu’à présent et exigent des actions concrètes pour protéger leur territoire. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.

Face à une situation qu’ils jugent critique, les habitants ont exprimé leur refus catégorique de quitter leurs terres. Josy Joseph, membre du collectif des habitants de Yalimapo, a ainsi déclaré : « On ne veut pas partir. Notre position actuelle, c'est que l'État français prenne ses responsabilités envers les habitants en nous montrant concrètement une action de réensablement du territoire ».

Elle a également dénoncé l’inefficacité des dispositifs actuellement en place : « La seule mesure concrète que l'on peut voir, c'est une mise en place d'un dispositif anti-submersion qui ne fonctionne pas, parce qu'on connaît des épisodes de submersion marine où l'eau dépasse carrément ce dispositif-là. Et on a dit au ministre qu'on ne veut pas ça, ça ne fonctionne pas ».

Le système en question, appelé Water Gâte, est un dispositif anti-submersion innovant présenté au ministre lors de sa visite. Toutefois, les habitants considèrent que cet outil temporaire ne constitue pas une réponse adaptée à l’ampleur du phénomène. 

Jean-Paul Fereira, maire d’Awala-Yalimapo et premier vice-président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), a pour sa part rappelé que les dynamiques côtières seraient prises en compte dans le futur schéma d’aménagement régional en cours de révision. 

Il a cependant insisté sur le rôle central de l’État dans ce dossier : « Ça fait complètement partie des compétences de l'État, même si on partage effectivement sur les questions prospectives et stratégiques... Il y a en tout cas, au travers d'un certain nombre de plans au niveau national, une déclinaison qui est encore trop faible au niveau des Outre-mer ».

Et d’ajouter : « On s'aperçoit qu'effectivement, nous apportons sur la question des océans 80 % de ces océans -ce sont les Outre-mer qui constituent ces océans en question de France- et que parallèlement à cela, les moyens déployés par l'État ne sont pas en conséquence ».

En réponse, le ministre des Outre-mer a salué les efforts des acteurs locaux, notamment le Parc naturel régional, l’association Kwata et le WWF, pour la protection de la biodiversité, en particulier des tortues marines. Il a assuré que l’État poursuivra son engagement : « Il y a un travail qui est fait ici qui est spectaculaire […] grâce au travail de la collectivité territoriale de Guyane, des communes, des syndicats intercommunaux, des associations et des ONG. »

Manuel Valls a souligné la nécessité pour l’État de renforcer sa présence, y compris sur des sujets transfrontaliers : « L'État doit aussi, je pense notamment à la question de la lutte contre la pêche illégale ou la protection des tortues, jouer pleinement son rôle, ce que nous faisons avec la gendarmerie. » Et de conclure : « Ici se joue comme ailleurs l'avenir de la planète […] la protection de ces océans, de la flore, de la faune, du trait de côte sont une priorité, les moyens sont au rendez-vous. » 

Damien Chaillot