Si Total n’a rien laissé filtrer de son choix quant à faire de Mayotte ou non sa base arrière, l’entreprise Manuport a investi 10 millions d’euros à la faveur d’un engagement de Technip. Les travaux du quai numéro 1 ont commencé menés par le Conseil départemental. Un sujet de notre partenaire France Mayotte-Matin.
Total et Tecnip étaient à la recherche d’un port peu éloigné du site d’extraction pour assembler les différentes pièces qui serviront ensuite à installer en mer le pipeline permettant au gaz extrait en mer d’être stocké sur terre pour ensuite être utilisé. Ce site aurait servi à assurer la maintenance du pipeline. Les deux entreprises ont visiblement retenu le port de Longoni à cette fin. Manuport sera la bénéficiaire du contrat de manutention qui va permettre de stocker, conditionner et assembler les différents morceaux en vue de les charger sur une barge spéciale qui rejoindra le site d’extraction dans le canal du Mozambique après quelques heures de croisière.
Pour honorer cet engagement, l’entreprise mahoraise s’est endettée et a mis 10 millions d’euros sur la table pour acheter 3 grues pour ce projet, « pas de défiscalisation » précise la direction de l’entreprise mais un emprunt bancaire. Les engins sont arrivés à Mayotte le 26 décembre dernier. Depuis, ils sont en cours d’assemblage avec le renfort d’ingénieurs allemands. Ce travail va durer pas loin de 6 semaines. Le souci, car il y en a un, c’est que la réfection du quai est à l’arrêt, le bureau d’études choisi par le Conseil départemental qui est le maître d’ouvrage du projet aurait fait des erreurs dans les calculs : les pieux servant pour la fondation du quai n’apporteraient pas les garanties de stabilité suffisantes.
Le CD976 cherche des solutions pour reprendre le chantier le plus rapidement possible et avec toutes les garanties techniques car la date du 22 octobre 2022 pour le démarrage du contrat n’a pas été remise en question. Sera-t-elle maintenue ? sera-t-elle décalée ? Pour l’instant pas d’informations. A date, selon toute vraisemblance, Colas devrait reprendre les travaux le 15 janvier selon le premier Vice-Président Salime Mdere.
Les entreprises mobilisées par le chantier sont particulièrement concernées. En effet, une fois que les travaux du quai seront terminés, c’est MCG qui prendra la main pour finaliser les aménagements permettant de mettre en place un terre-plein pour une interconnexion entre le quai n°1 et le reste du port. A suivre donc.
La formation des soudeurs n’a pas encore commencé Pour que le projet d’assemblage des morceaux de pipeline soit totalement intégré au développement de Mayotte, il faut qu’il crée des emplois locaux. En théorie, il est censé permettre la création de postes de soudeurs. Métier qui nécessite une qualification au regard des spécificités d’une ligne sous-marine mais dont les débouchés sur notre île dans les prochaines années sont importants. Une aubaine donc : former des mahorais pour une première mission et disposer ensuite de professionnels compétents. Sauf que la formation reste à prévoir : c’est-à-dire concevoir la formation en local, l’organiser, sélectionner les futurs bénéficiaires et engager les opérations de formation pour une mission qui pourrait commencer dès le 22 octobre. Dommage plus personne ne parle de cette formation, ni chez les décideurs ni chez les acteurs de la formation … Ce qui risque de se passer est regrettable : des soudeurs extérieurs viendront réaliser la mission et Mayotte aura perdu une occasion de développer les compétences et l’employabilité de toute cette jeunesse en manque d’emplois …. |
Par Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin