Une équipe d’experts de Météo France venue de Brest, de La Réunion et de Mayotte a posé en mer le premier houlographe de l’Océan Indien, un outil précieux pour améliorer la sécurité en mer des usagers et pour disposer d’informations servant à anticiper les évolutions de trait de côte et de l’érosion. Détails avec notre partenaire France Mayotte Matin.
Le bateau spécialement loué pour l’occasion a permis la mise à l’eau de cet outil attendu depuis 2018. Laurent Floch, le directeur de l’antenne locale de Météo France précise à cet effet : « L’houlographe est en eau libre, il n’a pas de récif à proximité immédiate, il est en amont de la barrière de corail. Nous
l’avons posé au nord à 3 km, il est accroché au fond de la mer». C’est précisément à cet endroit que les données vont être les plus représentatives pour prévoir à l’intérieur du lagon l’état de la houle. La modélisation permettra de disposer de données sur l’ensemble du lagon.
Les conditions étaient hier matin optimales explique Renan Ferezou, technicien de Météo France. Pour mettre un tel matériel à la mer, à la fois lourd et fragile et son leste de 350 kilos, il faut une mer calme sans vent, ce qui était le cas hier matin. La mise à l’eau est une opération périlleuse et dangereuse aussi car il y a des hommes sur le pont. Tout s’est bien passé. Le matériel va bénéficier d’un premier entretien dans 6 mois puis chaque année pour les 8 ans d’activité minimum qu’il aura en mer.
Les données qu’il captera auront deux usages principaux : le premier usage sera quotidien pour affiner les prévisions météo quant à l’état de la mer afin que les professionnels de la mer soient plus en sécurité, comme les pêcheurs par exemple dont les embarcations sont parfois légères. La houle est un phénomène dangereux, c’est un outil qui participe à la sécurisation des prévisions. L’Observatoire du littoral de Mayotte mettra toutes les données captées à disposition du grand public via le site internet.
L’exploitation de ces mêmes données avec un peu plus de recul pourra donner des informations précieuses sur les évolutions du trait de côte à la faveur de l’érosion. L’affaissement de la Petite-Terre de plus de 20 cm depuis l’émergence du volcan rend ses informations stratégiques. Il en est de même pour les zones particulièrement vulnérables comme à Ironi bé là où la mangrove a été détruite par l’homme.
Mayotte, grâce à la taille de son lagon, a pu bénéficier de cet investissement de 80 000€ auquel il faut ajouter 10 000€ par an pour la maintenance. Météo France dans l’Océan Indien compte 80 stations de mesure à La Réunion, 10 puis 15 à Mayotte sans compter celles présentes aux iles Éparses, Juan de
Nova, Tromelin et les Glorieuses et aussi aux TAAF.
Mayotte se positionne, donc, pour une fois comme le fer de lance de l’Océan Indien disposant d’un matériel avec une technologie avancée permettant de repousser les limites actuelles des prévisions météo.
Captées à Mayotte, les données seront traitées à Toulouse avant de revenir à Mayotte Toutes les 30 secondes, dès aujourd’hui, l’houlographe va envoyer ses mesures par liaison satellite à Toulouse dans un concentrateur. Les données seront ensuite injectées dans un calculateur national de grande puissance pour faire des prévisions, ces dernières seront ensuite renvoyées à Mayotte pour servir à faire les prévisions quotidiennes. L’houlographe captera la température de l’eau de mer. Un accéléromètre mesurera la hauteur des houles et leur orientation. Des données seront envoyées par satellite dans un outil ultra puissant et exploitées pour la prévision. |
Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin