Après avoir fait ses gammes sur de courts-métrages, le réalisateur réunionnais Grégory Lucilly nous offre « Marmaille », son premier long-métrage tourné intégralement à La Réunion avec une distribution 100% locale. Un film qui traduit toute la complexité, la diversité et l’authenticité de La Réunion à travers l’histoire de deux adolescents délaissés par leurs parents et livrés à eux-mêmes qui tentent de se reconstruire. Un film tendre, généreux et solaire qui mérite un regard certain. Sortie nationale prévue le 4 décembre prochain. 

Comment grandit-on quand on a été délaissé, abandonné et blessé dans son amour-propre à l’adolescence ? Comment se remet-on quand ses rêves d’ado s’envolent du jour au lendemain sans que l’on s’y attende ? Comment peut-on surmonter les épreuves de la vie quand on est livré à soi-même ?  Tel est le propos du film de Grégory Lucilly, le réalisateur réunionnais qui, après avoir fait ses gammes avec cinq courts-métrages, dont « l’épouse et l’enfant » (2009) et « Pizza » (2012) nous offre « Marmaille », son premier long-métrage. 

Pari difficile que d’adapter un thème universel –l’abandon parental – à une réalité locale et quand il s’agit de replacer dans le contexte réunionnais une problématique vieille comme le monde. C’est le défi qu’a tenté de prendre Grégory Lucilly pour qui tourner dans son île avec des acteurs locaux était une nécessité voire un impératif. Car, explique-t-il « le terreau de mes histoires se trouve à La Réunion ». 

Des comédiens réunionnais non professionnels sensibles et talentueux

C’est donc avec une distribution 100% réunionnaise composée de comédiens non-professionnels – une volonté délibérée du réalisateur – dont Maxime Calicharane dans le rôle de Thomas, le street-danseur rebelle et révolté et Brillana Domitile Clain en Audrey plus vraie que nature dans son personnage de grande sœur attentive quant à l’avenir de son petit frère, que Grégory Lucilly a réalisé « Marmaille » tourné intégralement à La Réunion, principalement entre Saint-Leu et l’Entre-Deux, deux villes qui symbolisent la diversité et l’authenticité de l’île. 

Un film ancré dans la réalité socio-culturelle de l’île 

Un film que le réalisateur a voulu ancré dans la réalité de l’île jusqu’à vouloir que la langue parlée soit majoritairement le créole réunionnais. En effet, Grégory Lucilly a choisi de raconter l’histoire de l’abandon parental de deux adolescents, dont le rêve cathartique de l’un est de remporter un concours de break-dance pour pouvoir s’envoler vers l’hexagone et ainsi gagner sa liberté et son autonomie, et de l’autre de veiller aux éventuels dérapages de son frère et l’aider à prendre son envol. Mais en attendant de réaliser le rêve du premier, il s’agit de surmonter les épreuves, de calmer sa fougue et se reconstruire tous les deux. Une histoire qui fait écho à la réalité socio-culturelle réunionnaise. Car pour Grégory Lucilly, La Réunion est encore à l’âge de l’adolescence, encore fougueuse à l’image de son héros, en pleine construction identitaire et en quête d’espoir. Mais, la réalité est injuste et parfois violente et le film traduit cet état de fait.

En définitive, Grégory Lucilly nous propose avec « Marmaille » un film tendre, généreux et solaire interprété par des acteurs sensibles et talentueux où la culture, l’authenticité et l’identité réunionnaises ne sont jamais très loin nourris en fond sonore par le maloya, cette musique dépositaire de l’âme de La Réunion. Un film social qui va puiser dans les affres de la vie pour mettre en lumière une certaine beauté de l’âme humaine. A voir absolument. En salles partout dans l’hexagone et à La Réunion le 4 décembre prochain.

E.B. 

« Marmaille »

De Grégory Lucilly

Avec Vincent Vermignon, Maxime Calicharane, Brillana Domitile Clain

Produit par Cine Nomine

Durée : 1h32

Sortie nationale le 4 décembre 2024