Le maire communiste de Sainte-Suzanne (La Réunion) Maurice Gironcel a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans d'emprisonnement, dont deux ferme, ainsi qu'à cinq ans d'inéligibilité, pour corruption et favoritisme dans l'attribution de marchés publics d'électrification sur l'île.
Âgé de 76 ans, l'élu, président du syndicat intercommunal d'électricité (Sidélec), devra également s'acquitter d'une amende de 60.000 euros. Le tribunal a rappelé qu'il se trouvait en état de récidive légale, ayant déjà été condamné pour corruption en 2010. "Le tribunal a tenu compte du rôle essentiel de M. Gironcel (...) Sans sa sollicitation, sans son implication, sans la mise en place de ce système par ses soins, les faits n'auraient pu perdurer de la manière constatée", a asséné la présidente du tribunal à l'énoncé de la peine.
L'exécution provisoire de l'inéligibilité l'oblige à quitter ses mandats, mais l'élu a aussitôt annoncé faire appel. "Je prends acte et je conteste la décision (...) Mes conseils ont déjà interjeté appel", a-t-il déclaré dans un communiqué.
"Je continue donc à assumer pleinement mes mandats de maire de Sainte-Suzanne, président de la Cinor (communauté intercommunale du Nord) et du Sidélec (...) Le combat continue", a-t-il ajouté.
Son ancien directeur général des services au Sidélec, Yves Gigan, a lui été condamné à trois ans de prison dont un ferme, aménageable sous bracelet électronique et 30.000 euros d'amende, une peine assortie de trois ans d'interdiction d'exercer dans la fonction publique.
Trois entrepreneurs ont également été condamnés à des peines de deux à trois ans de prison avec sursis, assorties d'amendes.
L'affaire trouve son origine dans un signalement de la chambre régionale des comptes en 2019, suivi d'une enquête du parquet national financier. Le procès a eu lieu fin mai mais plusieurs sociétés et dirigeants avaient déjà été condamnés en novembre 2024 et en février 2025, lors de comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).
Lors d'une audience, le procureur avait décrit "une entente anticoncurrentielle" entre entreprises, se mettant "d'accord sur des prix quasiment au triple de ceux estimatifs" pour proposer des offres "parfaitement alignées" lors du renouvellement de lots visant à électrifier les zones les plus reculées de La Réunion.
Maire depuis 1993, sauf une parenthèse entre 2009 et 2012, Maurice Gironcel est l'une des figures de proue du Parti communiste réunionnais.
Avec AFP