La Guadeloupe traverse une « crise profonde » du logement social, marquée par un effondrement de la production et de la réhabilitation depuis trois ans, a alerté Véronique Roul, secrétaire générale de l’ARMOS Guadeloupe, lors du 85ème Congrès HLM à Paris.
Le secteur du logement social en Guadeloupe fait face à une crise multifactorielle grave. « Aujourd’hui, la Guadeloupe, c’est 40 000 logements sociaux, mais nous ne produisons pratiquement plus depuis trois ans », a déclaré Véronique Roul, secrétaire générale de l’ARMOS Guadeloupe. « Nous sommes passés de 1 000 à 1 400 logements agréés par an à seulement 300 à 500, alors même que la demande est passée de 11 000 à 15 000 en cinq ans. »
Cette crise résulte en grande partie de la baisse de la Ligne budgétaire unique (LBU), dispositif de financement du logement social dans les Outre-mer. « La LBU est en diminution constante depuis trois ans, ce qui bloque les opérations alors que la population se précarise », a insisté Véronique Roul.
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Les coûts explosifs des matériaux, importés quasi exclusivement par voie maritime, pèsent également sur les projets, tout comme le tissu économique local composé de petites entreprises du BTP, incapables d’absorber la hausse des prix.
Autre frein majeur : les infrastructures. « Nous avons des opérations prêtes à démarrer mais impossibles à lancer faute d’eau potable ou d’assainissement », a-t-elle souligné. Le système d'assainissement des eaux potables est gravement défectueux, empêche le démarrage d'opérations de logement social pourtant déjà agréées. Conséquence : Des projets initialement prévus pour 2 à 5 ans s'étirent désormais sur près de 10 ans.
Désengagement des assureurs
La situation est aggravée par une crise de l’assurabilité. « Les assureurs, qui ont perdu beaucoup d’argent sur nos territoires avec Irma ou les émeutes, se désengagent progressivement », a prévenu la secrétaire générale de l’ARMOS Guadeloupe. « Si nous voulons continuer à être assurés, il faudra renforcer la qualité des constructions et que l’État améliore l’indemnisation en cas de catastrophes naturelles. »
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En conclusion, le secteur du logement social en Guadeloupe fait face à une crise multifactorielle grave, caractérisée par un effondrement de la production et de la réhabilitation, exacerbé par des problèmes de financement, logistiques, d'infrastructures et d'assurance. Les bailleurs sociaux appellent l’État à relancer la production et à garantir un financement pérenne pour éviter une aggravation de la crise sociale.
Interview: Charles Baudry