Il a rejoint la liste des richesses culturelles et patrimoniales reconnues à l'échelle planétaire, le 6 décembre lors de la 18ème session du comité de sauvegarde de l'Unesco qui se tient actuellement à Kasane au Botswana. La discipline qui allie danse, discours et chant devient ainsi le troisième bien immatériel malgache, après le travail sur bois des Zafimaniry et le kabary. Précisions avec notre partenaire France-Mayotte Matin.

Très populaire chez les populations des hauts plateaux malgaches, le hiragasy ponctue les grands événements de la vie à Madagascar. On y assiste lors de rituels ou d'événements festifs. Né à la fin du XVIIIe siècle sous le règne du roi Andrianampoinimerina, ce spectacle vivant compte aujourd'hui encore une centaine de troupes constituées de milliers de pratiquants. Cette forme de théâtre musical a souvent lieu en place publique, la scène étant délimitée par un cercle emblématique formé par les spectateurs. 

Au départ, le hiragasy était une sorte de concours de danse, de chant et de beauté, avant que le terme n'apparaisse « pour désigner ce jeu traditionnel qui devint communautaire et fut utilisé par les dirigeants pour communiquer avec le peuple », rappelle l'Unesco. Aujourd'hui, il est transmis au sein des familles qui le pratiquent, notamment dans le milieu rural où certaines familles le considèrent comme « un héritage dont la pratique est presque une obligation familiale afin d'honorer les ancêtres ».

Les autorités ont compris l'importance de cet art ancestral, notamment dans l'éducation, et ont inauguré, en juillet dernier, un centre dédié à l'enseignement de l'hiragasy dans le quartier d'Ampefiloha à Antananarivo. Le site dispose d'une arène avec des gradins d'une capacité d'accueil de 700 spectateurs. « Le hiragasy fait partie intégrante de notre histoire et de notre culture, il est donc judicieux de lui accorder la place qui lui est due », avait d'ailleurs déclaré le président Andry Rajoelina lors de la cérémonie officielle. Avec son inscription au patrimoine immatériel de l'humanité, il semble que ce soit chose faite. 

Par Franck Vervueren pour France-Mayotte Matin