La Réunion, Mayotte et les TAAF au cœur de la stratégie maritime française dans l’océan Indien

Exercice d’un groupe aéronaval français en mer ©Marine nationale

La Réunion, Mayotte et les TAAF au cœur de la stratégie maritime française dans l’océan Indien

A la fin juin 2021, la France prendra pour deux ans la présidence du Forum maritime de l’océan Indien (IONS, Indian Ocean Naval Symposium), succédant ainsi à l’Iran. Cette édition se déroulera à La Réunion, qui abrite le troisième port militaire français. Pour cette occasion, le magazine « Cols bleus » de la Marine nationale a fait le point, dans son numéro de mai, sur la vision stratégique française.

 

Avec ses 1,1 million de ressortissants et une Zone économique exclusive (ZEE) de 3,1 millions de km2 (soit plus du quart de la totalité de ses ZEE), allant de Mayotte aux mers australes en passant par le canal du Mozambique, la France est un acteur incontournable de l’océan Indien. Le ministère des Armées souligne qu’ « elle y déploie une capacité militaire et navale permanente grâce notamment aux commandements interarmées et aux forces prépositionnées, qui perpétuent une présence vieille de plusieurs siècles ».

 Au sein de ce carrefour stratégique opèrent actuellement 2600 marins français du groupe aéronaval, qui luttent en particulier contre les trafics de stupéfiants et de migrants, les velléités terroristes et la pêche illicite. Rappelons quelques données pour mieux comprendre les enjeux. Avec une superficie de 75 millions de km2, la zone de l’océan Indien représente 25% du trafic maritime international, 40% du transit mondial de pétrole, et 75% des exportations de l’Union européennes y transitent. Dans cette configuration, La Réunion, Mayotte et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) constituent des points d’appui essentiels pour la Marine nationale.

 C’est d’ailleurs à La Réunion que va se tenir à la fin juin l’édition 2021 du Forum maritime de l’océan Indien (IONS), qui a lieu tous les deux ans. Créé en 2008 à l’initiative de l’Inde, l’IONS rassemble 25 pays membres (plus huit pays observateurs) et les chefs d’état-major de leur marine autour des grands enjeux de la zone, notamment les questions de sécurité. Cette année, selon la France, une attention particulière va être apportée au thème de la sécurité environnementale.

 

La Marine nationale dans la partie française de l’océan Indien

La Marine est déjà confrontée aux conséquences du réchauffement climatique, précise le dossier de « Cols bleus » : « apparition de nouvelles routes maritimes, émergence de nouveaux conflits... Ce qui la conduira à devoir adapter ses missions. La France entend peser de tout son poids pour sensibiliser les autres États membres de l’IONS à ces problématiques ». Les défis qui se présentent sont nombreux, relèvent les auteurs. « Environnementaux, d’abord, avec des phénomènes que constatent tous les jours les marins : la réduction de la biodiversité, la montée des eaux, l’évolution des courants... Géopolitique, ensuite, avec l’augmentation de la pêche illicite face à la raréfaction des ressources halieutiques ou encore l’accès à de nouvelles ressources en hydrocarbures pouvant potentiellement provoquer le retour de confrontations en mer ».

Au niveau logistique et opérationnel, la Marine française, comme ses homologues des autres pays de la zone, devra également adapter ses bases navales face à la modification du littoral, ainsi que ses programmes pour tenir compte du réchauffement des mers, des modifications de la faune et de la flore marines, en particulier de la prolifération des algues, et se conformer à des normes environnementales plus strictes (logique de recyclage lors du démantèlement des navires, label récompensant la gestion des déchets...) « Enfin, la multiplication des catastrophes naturelles augmentera, de fait, les opérations de soutien aux populations ».

« Autant de problèmes de sécurité environnementale auxquels sont déjà et seront, de plus en plus, confrontés les pays riverains de l’océan Indien. L’objectif de l’IONS face à ces problématiques est clair : apporter une réponse commune », conclut la Marine nationale.

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PM