Les Outre-mer et la stratégie de défense française en Indopacifique

Opération de surveillance et de lutte contre les trafics illicites des Forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) ©EMA

Les Outre-mer et la stratégie de défense française en Indopacifique

Avec sept départements, régions et collectivités d’Outre-mer (DROM-COM) abritant environ 1,6 million de personnes, constituant 9 des 11 millions de km2 de la Zone économique exclusive nationale (ZEE), soit la deuxième plus importante au monde, la France est une puissance régionale souveraine de l’Indopacifique. C’est ce qu’a rappelé le ministère des Armées lors d’un point presse consacré à cette région.

Le 6 mai, le Général de corps aérien Luc de Rancourt, directeur général adjoint des relations internationales et de la stratégie, et le Contre-amiral Jean-Mathieu Rey du commandement de la zone Asie-Pacifique et des Forces armées en Polynésie française sont venus présenter un bilan d’étape de la stratégie, des missions et des opérations nationales dans la région, deux ans après son lancement.

Le général de Rancourt est revenu sur les cinq objectifs de cette stratégie : la défense de l’intégrité de la souveraineté française et la protection de ses ressortissants et territoires (Mayotte, La Réunion, les Terres Australes et Antarctiques françaises, la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, la Polynésie et Clipperton, ndlr) ainsi que de la Zone économique exclusive qui leur est rattachée ; contribuer à la stabilité stratégique et à la sécurité régionale à travers des coopérations de défense et de sécurité ; préserver un accès libre et ouvert aux espaces communs et assurer la sécurité des voies de communication maritimes ; maintenir une stabilité stratégique par une action globale fondée sur le multilatéralisme ; et enfin anticiper et s’adapter aux risques sécuritaires induits par le changement climatique.

Des missions précises

En visioconférence depuis Tahiti, le Contre-amiral Rey a indiqué que dans la région « 7000 militaires français sont déployés de manière permanente et sont organisés autour de cinq commandements zonaux. » Trois missions orientent l'action de ces forces, a-t-il précisé : « la protection de notre souveraineté, de nos territoires et de nos concitoyens : cette mission comporte le traitement du risque de catastrophe naturel, l’engagement des armées face à l’épidémie de COVID-19 (et dont le volet polynésien de l’opération Résilience - nommé Oraora, est toujours très actif) ou encore les missions de protection des ressources de la ZEE et de surveillance maritime ; l’intervention au secours des populations en cas de crise, notamment l'assistance après une catastrophe naturelle au profit des pays insulaires sinistrés comme l’année dernière après le passage du cyclone Harold au Vanuatu ; et l’assurance d’une présence régulière de la France dans cette vaste zone en constante et rapide évolution ».

Les deux intervenants ont souligné l'importance des partenariats dans la région, notamment avec les Etats-Unis, l’Australie, le Japon et l’Inde, leurs objectifs étant de « développer au maximum l’interopérabilité des forces et de coordonner nos activités ». Cette coopération passe par des échanges permanents entre états-majors mais également par la tenue de différents exercices et opérations communes. La France entend également contribuer au maintien de la stabilité stratégique par une action globale fondée sur le multilatéralisme.

L’anticipation des risques climatiques

Dans cette perspective, le général de Rancourt a expliqué que « la France participe de manière active aux enceintes multilatérales régionales. Depuis 2012, elle est représentée au niveau ministériel au Shangri-La Dialogue à Singapour. Dans l’océan Indien, elle prendra cette année la présidence de la Commission de l’océan Indien et de l’Indian Ocean Naval Symposium. Dans le Pacifique Sud, elle est membre du South Pacific Defense Ministers’ Meeting (SPDMM) et candidate, en Asie du Sud-Est, à un statut d’observateur de l’ADMM+, pendant défense de l’ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est, ndlr). » 

Le général a aussi insisté sur le fait que le cinquième objectif de la stratégie de défense de la France en Indopacifique est « absolument prioritaire ». C’est celui qui porte sur l’anticipation des risques sécuritaires induits par le changement climatique. « A ce titre, le ministère des Armées mène depuis plusieurs années une cartographie des risques climatiques dans l'océan Indien et dans le Pacifique Sud afin de comprendre et d'anticiper les conséquences des changements climatiques en termes de sécurité et de défense. (…) Au-delà de la réaction, bien anticiper ces risques permet à la France d’adapter au mieux sa réponse et ses capacités », a rappelé le directeur adjoint des relations internationales et de la stratégie.

En savoir plus sur la stratégie de défense française en Indopacifique (ministère des Armées)

PM