La concertation sur la loi programme Mayotte lancée ce lundi

©Facebook / Préfet de Mayotte

La concertation sur la loi programme Mayotte lancée ce lundi

Élus, institutionnels et représentants de l’État étaient réunis hier matin au lycée des Lumières pour le lancement officiel de la concertation sur la loi Programme. L’occasion de présenter les différents volets de cette loi ambitieuse qui entend changer la face du territoire – sur le papier du moins – et de dresser l’état des lieux des différentes thématiques clés pour le développement et l’apaisement du territoire. Reportage de notre partenaire France Mayotte Matin. 

Un préambule à une concertation plus large qui n’a pas été sans soulever quelques doutes quant à l’investissement de l’État vis à vis de la population mahoraise, notamment chez certains parlementaires...

« Mayotte, ce n’est pas la Corrèze » 

C’est en présence de la directrice générale des Outre-mer Sophie Brocas que s’est tenue hier la présentation de cette fameuse loi programme. Après les quelques éléments de langages préfectoraux qualifiant cette loi de « chance pour accélérer le développement de Mayotte » et après le constat souvent entendu que « beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire » dans le 101ème département, Sophie Brocas s’adressait à l’assemblée. 

« J’envisage plutôt mon rôle comme un rôle d’écoute », expliquait-elle d’entrée de jeu. « À la direction générale des Outre-mer, nous sommes le cabinet d’avocat des Outre-mer : nous sommes parmi tous les ministères celui qui connaissons le mieux les spécificités ultramarines (...). Notre rôle c’est d’abord de bien comprendre ce que vous attendez, ce que notre ministre veut ». 

Elle reprenait : « Nous sommes là pour aller vendre, expliquer, convaincre les autres ministères que Mayotte, ce n’est pas la Corrèze (...). Vous avez des difficultés qui vous sont propres mais vous avez des atouts extraordinaires ». Une fois les autres ministères convaincus, il s’agira selon Sophie Brocas de traduire ces travaux en articles de loi, afin que « l’objectif politique puisse se traduire concrètement ». 

« Il est venu le temps que l’État nous écoute » 

Quand on donne la parole aux mahorais, ils la prennent. C’est du moins l’impression laissée par l’intervention du député Mansour Kamardine, en aval des interventions des représentants du gouvernement. Fustigeant d’abord Air Austral, ou encore les faibles subventions dans le secteur du développement agricole, le député ex- primera quelques réticences face à ce projet de loi. 

« C’est une excellente chose mais à condition qu’elle ne soit pas comme les consultations qu’on a faites auparavant. On nous a beaucoup consulté, beaucoup écouté, en fait on a amusé la galerie mais sans jamais vraiment tenir compte des vraies préoccupations de Mayotte. Mayotte aujourd’hui est dos au mur parce que pendant 40 ans l’État nous a dit seul, de manière unilatérale, ce qui est bon pour nous. Il est venu le temps que l’État nous écoute et qu’il retienne ce qui est bon pour nous. Et ce qui est bon pour nous c’est ce que nous allons essayer de dire à travers ces journées de débat. Si nous partons dans cette direction, c’est une excellente chose ». 

Calendrier parlementaire serré

Toutefois selon l’élu, le volet social de la loi programme n’y a pas sa place : « La question de l’égalité sociale est une question d’extrême urgence qui ne peut pas être traitée dans le cadre de la loi, il faut absolument une fois les débats finis, qu’on l’extrait de ces débats et qu’on fasse une ordonnance, puisque nous avons une disposition constitutionnelle qui donne mandat de manière permanente au gouvernement, quand il le souhaite, sur tous les sujets qu’il souhaite, de l‘organiser ». 

Lire aussi : Projet de loi Mayotte : Le préfet déroule la feuille de route des consultations de la population

Le député soulevait, dans cette intervention parfois presque musclée, une appréhension qui semble partagée par une partie de la population : cette loi programme au potentiel si vaste selon le préfet saura-t-elle trouver les échos qu’on lui espère au sein de la population mahoraise ? La réponse lors du prochain forum citoyen. Quant aux résultats, il faudra probablement attendre. « Tout le monde sait que le calendrier parlementaire ne permettra pas l’adoption de cette loi avant la fin de la mandature » déclarait Jean-François Colombet. 

Selon lui toutefois, c’est l’adoption de la loi au Conseil des ministres qui « donnera la force à ce projet de loi », citant en exemple le plan Guyane mis au point sous le président Hollande et voté sous le président Macron. Encore faudra-t-il que le prochain occupant de l’Élysée décide de se pencher sérieusement sur la question... 

Mathieu Janvier pour France Mayotte Matin.