Interview : En visite à La Réunion, la Secrétaire d'État Nathalie Elimas vient « valoriser les dispositifs d'éducation prioritaire mis en place sur l'île »

©Yannick Pitou / RTL Réunion

Interview : En visite à La Réunion, la Secrétaire d'État Nathalie Elimas vient « valoriser les dispositifs d'éducation prioritaire mis en place sur l'île »

Nathalie Elimas, Secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire auprès du ministre de l'Éducation nationale, est en visite à La Réunion ce lundi 13 et mardi 14 septembre. Dans le cadre de sa venue, elle était au micro de nos confrères et partenaires de RTL La Réunion afin d'évoquer son programme et de faire le point sur les Réseaux d'Éducation Prioritaire (REP) sur le territoire.

Un programme chargé pour Nathalie Elimas à l'occasion de sa visite sur l'île de La Réunion. Le territoire est particulièrement touché par les besoins en éducation prioritaire, en témoigne les 90 000 élèves concernés, représentant 56% du public, inscrits dans des établissements REP ou REP+, contre 21% au niveau national. Autre phénomène marquant, 116 000 adultes sont catégorisés comme illettrés sur le territoire.

Au micro de RTL Réunion, la secrétaire d'État avoue ne pas avoir « précisément la réponse » à ce phénomène, mais témoigne de la mobilisation des moyens pour y faire face. « On mobilise beaucoup de moyens (...). L'Éducation nationale fait tout ce qu'il faut, on est capable d'accompagner nos élèves dès le plus jeune âge, on a vraiment renforcé le socle de base pour apprendre à lire, écrire, compter correctement dès le plus jeune âge, beaucoup de dispositifs sont mis en place pour les accompagner ».

Dans les faits, l'éducation prioritaire représente un budget de plus de 2 milliards d'euros, fonds alloués aux établissements marqués REP et REP+, partie intégrante des 74 milliards d'euros consacrés à l'éducation nationale en France, « le premier budget de la Nation » rappelle Nathalie Elimas.

Parmi les plans mis en œuvre pour l'éducation prioritaire, « nous avons déjà actionné bon nombre de leviers. Je peux vous citer le dédoublement des classes de CP, CE1, en ce moment et jusqu'à l'année prochaine, le dédoublement des grandes sections, et tout ce que nous mettons en place à la fois pour accompagner les élèves, mais également renforcer la formation de nos professeurs ».

Des dispositifs exclusifs aux zones REP, qui « bénéficient de moyens supplémentaires parce qu'on sait qu'ils concentrent un certain nombre de problématiques. (…) Depuis le début de la mandature, c'est plus de 20 000 postes ont été créés pour accompagner le dédoublement de ces classes. Là, je parlais des moyens humains, ça peut être des moyens en crédit pédagogiques, ça peut être des moyens pour renforcer l'action sociale, donc c'est extrêmement vaste ».

Concernant le dédoublement des classes qui continuera à se mettre en place jusqu'à l'année prochaine, les résultats semblent excellents, selon la secrétaire d'État : « Ce sont les professeurs et les élèves qui en parlent le mieux (…). C'est un plébiscite de nos professeurs, qui ont bien sûr adaptés leurs pratiques pédagogiques, mais qui ont plus de temps pour accompagner les élèves, les élèves sont plus sereins, entre plus facilement dans les fondamentaux, et c'est exactement l'objectif recherché ».

Également évoqué sur le plan local : deux cités éducatives créées dans les communes du Port et de Saint-Benoît. Ces lieux dédiés à l'éducation prioritaire se veulent être des établissements apportant une autre méthode de travail, collective et multisectorielle. La secrétaire d'État visitera notamment l'école Eugène Dayot et le collège Titan, tous deux membres de la cité éducative du Port, classée REP+.

Pour Nathalie Elimas, interrogée à ce sujet, ces dispositifs ne sont pas « une mesure supplémentaire, ça n'est pas une couche de plus sur le mille-feuille. La cité éducative, c'est une méthode, c'est une façon de travailler, collectivement, en écosystème dans l'intérêt de nos enfants. Ça concerne des enfants de 0 à 25 ans, donc de la naissance jusqu'à l'insertion dans la vie professionnelle, et ça consiste à faire travailler tous les acteurs d'un territoire. On a l'Éducation nationale, le préfet, les collectivités, le social, le sport, la culture, et bien sûr les acteurs du monde économique pour amener ces jeunes dans le monde du travail. C'est une méthode, une façon de travailler, c'est du 360° pour être présent partout, pour ces enfants, ces jeunes et jeunes adultes. Et bien sûr, c'est très important aussi, être également au côté et au soutien des familles ».

Si la secrétaire d'État se défend d'être présente à La Réunion pour y faire des annonces, elle évoque sa volonté de venir « valoriser les dispositifs d'éducation prioritaire qui sont ici mis en place sur l'île, valoriser les équipes qui les portent (…) je viens voir les cités éducatives, les internats d'excellence. Nous avons labellisé des internats d'excellences, dont un en particulier, l'internat d'excellence Georges Brassens, adossé également au plan de relance ».

Également évoquée, la mise en place de distribution de petits déjeuners dans les écoles du territoire : « On a redéployé les petits déjeuner gratuits à l'école, j'ai voulu qu'ils soient dénoyés au-delà de l'éducation prioritaire, et on a désormais ces petits déjeuners qui sont distribués en dehors de l'éducation prioritaire ».

Enfin, sur la question de l'apprentissage des langues créoles ou shimaore mis en place dans les établissements, Nathalie Elimas affirme : « C'est évidemment un atout. Les professeurs sont formés dans ce cadre-là. Je considère que c'est un atout, car le bilinguisme, voire le plurilinguisme (…) au-delà d'une langue locale, régionale et bien sûr de la pratique du français, cette plasticité qui se met en place, est très favorable, positive, pour aller vers d'autres langues étrangères ».

La visite de la Secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire auprès du ministre de l'Éducation nationale est particulièrement chargée. Un marathon pendant lequel elle visitera notamment l’école Robert Debré, classée en réseau d’éducation prioritaire renforcée (REP+), le collège Plateau-Goyaves, classé en REP+, l’école Eugène Dayot, membre de la Cité éducative du Port et classée en REP+, le collège Titan, membre de la Cité éducative du Port et classée en REP+, ou encore la présentation des cordées de la réussite et de l’internat d’excellence, par l’équipe du lycée Jean Hinglo. 

Un programme entrecoupé d'interventions, réunions plénières et échanges avec la communauté éducative, composée de parents, de membres d'établissements et d'enseignants, ou encore des institutions territoriales.

Damien Chaillot