INTERVIEW. Économie : « Mayotte n'a rien à envier à ses frères ultramarins » assure Alexandre Luczkiewicz, Responsable des relations et des actions Outre-mer du Cluster maritime français

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INTERVIEW. Économie : « Mayotte n'a rien à envier à ses frères ultramarins » assure Alexandre Luczkiewicz, Responsable des relations et des actions Outre-mer du Cluster maritime français

Le 4ème forum économique de Mayotte, à l'initiative du Département et organisé par l'ADIM, s'est achevé en fin de journée jeudi dernier, à Mamoudzou, chef-lieu du territoire. Si l'Europe et la région de l'océan Indien ont occupé une grande partie des débats, la question de l'économie bleue a également mobilisé les acteurs de ce secteur, lors des échanges qui se sont déroulés les mercredi 20 et jeudi 21 octobre. Mayotte dispose en effet de réels avantages que ce soit en termes de biodiversité, de tourisme maritime et même de transports maritimes, secteur qui va être amené à se développer rapidement. En déplacement sur le territoire à l'occasion de ce Forum économique, Alexandre Luczkiewicz, Responsable des relations et des actions Outre-mer Cluster maritime français fait le point pour Outremers360 sur les dates et chantiers à venir.

Outremers360 : quel était l'objet de votre intervention lors de ce Forum économique ? 

Alexandre Luczkiewicz : Je suis ici pour rencontrer et échanger avec les acteurs maritimes de Mayotte. Le Conseil départemental a posé les bases d'une stratégie « économie bleue » qui se traduit entre autres par la création d'un organe de promotion de l’économie maritime à l'image de ce qui se fait dans l'Hexagone avec nous, le Cluster maritime français, et dans les 7 territoires d’Outre-mer, avec les clusters maritimes locaux qui sont les organes de promotion de l'économie maritime. Aujourd'hui, je suis là pour rencontrer les acteurs maritimes, identifier avec eux les pistes de collaboration, les bonnes volontés qui seraient prêtes à créer ce cluster maritime. Ce n'est pas à nous, venant de l'hexagone, d'aller expliquer les réalités du maritime à Mayotte. Nous ne sommes là que pour apporter un soutien moral et un soutien technique.

C'est la première fois que vous venez à Mayotte. Quelle est votre première impression ?

Je me rends compte que Mayotte n'a rien à envier à ses frères ultramarins, au travers de la grande diversité des activités qu'il peut y avoir : le transport maritime, la logistique, la pêche, la perliculture, le secteur du nautique, la partie plaisance, ou encore du côté des acteurs du secteur de l’énergie. Il y a aussi les acteurs de la formation maritime, sur lesquels il faut compter. J'en oublie certainement. Mais il y a un vrai tissu économique local.

Quelles sont les priorités ?

Il y en a plusieurs, et localement on est en train de les identifier. Personnellement, j'en vois quelques-unes, car elles sonnent en écho avec ce qu'on trouve dans les autres territoires : il y a la question du développement des infrastructures de plaisance et de nautisme. Il y a le tourisme de loisir maritime. Il y a la pêche ainsi que le développement des activités portuaires, puisque 90% des marchandises transportées le sont par voie maritime. Un autre sujet qui est primordial, c’est la question de la formation maritime. La formation des jeunes, des plus jeunes, et des personnes qui sont en reconversion et qui se tournent vers les métiers de l'économie bleue. Je rajouterai un dernier secteur qui est primordial, c'est celui de la biodiversité marine, et le volet lié à la connaissance, à la protection et à la valorisation des richesses marines. 

Quelles sont les difficultés qui peuvent être rencontrées par les acteurs du secteur maritime ?

La vraie difficulté, c'est qu'on est sur une stratégie du temps long. Et que chaque projet met du temps à aboutir. La crise sanitaire a permis de travailler autrement... pour autant, certains projets sont aujourd'hui bloqués. C'est valable pour l'Hexagone. C’est valable pour les Outre-mer. Nous sommes dans une stratégie sur le long terme : on est sur un calendrier qui est à l'horizon 2030, qui est peut-être à l’horizon 2050. Pour ce qui est du Cluster maritime de Mayotte, on a voulu susciter l'envie en discutant avec les différentes parties prenantes. On a eu des paroles très bienveillantes avec des antagonismes qui ont été posés sur la table, mais dont on avait conscience. Les failles se créeront peut-être dans la difficulté à mettre en œuvre des projets communs dès lors que l'on n’arrivera pas à dépasser des intérêts personnels. Là, il faut jouer collectif. 

Quel est l'échéancier de tous ces projets ?

On a un échéancier qui s'inscrit dans la continuité de la mission portée par la Chambre de Commerce à la demande du Conseil départemental de Mayotte qui est de créer un certain nombre de clusters sur le territoire : des clusters sectoriels. Concernant le Cluster maritime de Mayotte, notre échéance c'est le début du premier trimestre 2022 pour la création par les acteurs mahorais pour les acteurs mahorais de ce cluster maritime. Sur la question des projets, on a besoin de mettre les personnes autour de la table pour qu'elles puissent se parler afin de permettre par la suite d'avoir des projets concrets. 

Propos recueillis par Abby Saïd Adinani