Histoire-Terres Australes et Antarctiques : 250 ans d'histoire à Crozet et Kerguelen

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Histoire-Terres Australes et Antarctiques : 250 ans d'histoire à Crozet et Kerguelen

Perdus dans l'immensité des Terres australes, les archipels de Crozet et Kerguelen ont, depuis leur découverte il y a 250 ans, vécu au rythme du monde occidental, voués initialement à une simple exploitation, à la recherche scientifique puis à la protection de la nature.


"A partir du moment où les Terres australes sont découvertes, tout ce qui s'y passe a trait aux activités du monde occidental", observe Laëtitia Thérond, chargée de mission patrimoine aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

Distants de près de 1.500 km, les deux archipels sont découverts, à trois semaines d'intervalle, par deux expéditions françaises en quête d'un hypothétique continent austral.
Le 22 janvier 1772, Marc-Joseph Marion Dufresne découvre l'archipel qui sera baptisé Crozet, du nom du second du bateau. Le 12 février, Yves-Joseph de Kerguelen de Trémarec aperçoit les côtes des îles qui recevront son nom.
Si, longtemps, la France se désintéresse de ces terres désolées, les récits des explorateurs décrivant une faune abondante conduisent les armateurs de navires baleiniers et phoquiers à y organiser des expéditions.

Crozet et Kerguelen deviennent alors les terrains de chasse privilégiés des Américains et des Anglais. «Ils chassent les baleines de manière tellement intensive qu'elles disparaissent. Du coup, les chasseurs descendent à terre et vont décimer les éléphants de mer, les otaries et même les manchots", explique l'historien Bruno Fuligni. Ils introduisent en outre lapins, chats, rongeurs, qui achèvent de ravager le fragile écosystème insulaire.

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Base scientifique 

Au XIXe siècle, les Terres australes vont attirer des expéditions scientifiques venues d'Angleterre, d'Allemagne, d'Amérique. Devant cet intérêt soudain, la France décide de réaffirmer sa souveraineté et envoie une expédition qui, le 2 janvier 1893, hisse le drapeau tricolore aux Kerguelen.

Pour y assurer une présence pérenne, la France accorde une concession d'exploitation commerciale à deux Havrais, les frères Bossière. Ces derniers s'associent à des Norvégiens pour y construire une station baleinière, créent une bergerie et tentent même la colonisation en envoyant trois couples s'installer sur place. Mais toutes les tentatives se soldent par des échecs et des drames humains.

Baie de l'Observatoire © TAAF

Après la Seconde guerre mondiale, l'intérêt stratégique des îles australes et le développement de la coopération scientifique mondiale poussent la France à installer des bases permanentes.

En 1950, une expédition est envoyée pour bâtir une base scientifique sur Kerguelen, baptisée Port-aux-Français, et en 1955 une loi crée l'administration des TAAF.
La vocation scientifique de ces terres, où toute tentative d'exploitation est restée infructueuse, se confirme.
Des études sur l'atmosphère sont lancées à Kerguelen en 1957. A partir des années 1980, les études en biologie s'ajoutent aux sciences de la terre.
En 1992 est créé l'Institut polaire français Paul-Emile Victor (Ipev) qui coordonne des "projets déployés dans les terres australes sur quasiment tous les grands domaines de recherche, que ce soit en biologie, en physique, en chimie, en sciences humaines et sociales", selon son directeur Yan Ropert-Couder.

Depuis, "à la recherche scientifique s'est ajoutée la préservation, voire la reconstitution de cet écosystème" qui va mener en 2006 à la création d'une réserve naturelle, désormais la plus grande de France, précise M. Fuligni.

Avec AFP