Histoire : Inauguration d’une plaque en mémoire des enfants réunionnais de la Creuse à Orly

©Outremers360

Histoire : Inauguration d’une plaque en mémoire des enfants réunionnais de la Creuse à Orly

Des années 60 aux années 80, plus de 2 000 enfants de La Réunion ont été enlevés à leurs familles et déracinés de leur île dans un souci de repeuplement des départements ruraux de l’Hexagone, dont la Creuse, alors sujets à l’exode. Ce jeudi, une plaque a été inaugurée en mémoire à cette histoire douloureuse et à ces enfants devenus adultes, à l’aéroport de Paris-Orly, par les ministres Sébastien Lecornu, Adrien Taquet et Valerie Andanson porte-parole de la FEDD. 

« Il apparaît à présent, avec les lumières du recul de l’Histoire, que cette politique était une faute, car elle a aggravé dans bien des cas la détresse des enfants qu’elle souhaitait aider ». Ces mots ont été écrits par le président Emmanuel Macron en 2017, dans un courrier adressé à la Fédération des Enfants déracinés des DROM (FEDD), et que Valérie Andanson, porte-parole, a prononcé ce jeudi, dans le hall du Terminal 4 de l’aéroport d’Orly. C’est par cet aéroport que les enfants réunionnais retirés à leurs familles arrivaient dans l’Hexagone après une dizaine d’heures d’avion depuis Saint-Denis.  

Lire aussi : Premier voyage à La Réunion pour les « Enfants de la Creuse »

« L’inauguration de cette stèle commémorative marque, dans tous les sens du terme, une nouvelle date, un nouveau signe de reconnaissance symbolique de la France à l’égard des enfants de la Creuse », a poursuivi Valérie Andanson, elle-même issue de cette histoire qui a laissé bien des séquelles à nombre de ces enfants. Valérie Andanson, née dans une fratrie de six enfants, a été retirée à ses parents à l’âge de trois ans. À son arrivée dans l’Hexagone, Valérie est séparée de ses frères et sœurs, envoyée dans une famille d’accueil où elle était maltraitée pendant quatre ans, et ensuite placée en famille d’adoption. Âgée de 16 ans, elle retrouve ses frères et sœurs et seulement en décembre 2020, son père biologique resté sur l’île.

Lire aussi : Réunionnais de la Creuse : « C’était un vol d’enfants ! »

« La stèle que nous inaugurons dans cet aéroport d’Orly, où les transplantés sont arrivés entre 1962 et 1984, fait écho (…) à la stèle érigée en 2013, à l’initiative du Conseil général de La Réunion, à l’aéroport Roland Garros », a-t-elle ajouté. Elle souligne « un symbole fort de reconnaissance de la France », « la séparation forcée terminée », « un retour vers l’île, sinon vers nous-mêmes ». « Cette stèle (…) marque un nouveau pas vers la reconnaissance de notre Histoire et vers la réconciliation des mémoires passées, présentes et celle des générations à venir », a insisté Valérie Andanson, qui entend ériger cette histoire en « combat européen pour la protection de l’enfance ».  

Présents à cette inauguration, le secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles, Adrien Taquet, et le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu. Le premier a souligné « un moment important de commémoration d’une sombre page de notre histoire commune ». « Nous sommes réunis pour affirmer le soutien de l’État à un devoir de mémoire indispensable » et de « transmission mémorielle » a déclaré Adrien Taquet. « Tout dans cette commémoration fait écho à l’action que nous conduisons pour mettre fin à toutes les situations attentatoires aux droits des enfants » a poursuivi le secrétaire d’État, reconnaissant qu’il « est arrivé que (les violences faites aux enfants) soient du fait de l'État ».

Lire aussi : Réunionnais de la Creuse: La Commission nationale des « Enfants de la Creuse » propose la création d’un lieu mémoriel en France et l’instauration d’une journée commémorative

« Quand il y a faute, il faut réparer » a poursuivi le ministre des Outre-mer, qui a rappelé ce qui a été fait à ce sujet depuis 2014 et la résolution reconnaissant la « responsabilité morale » de l’État. « Il n’y a pas de réparation sans transparence » a aussi estimé le ministre qui rappelle également l’accompagnement individuel de ces 2 015 enfants déracinés. « Cette stèle vient marquer la dimension mémorielle qui doit lutter contre l’oubli collectif », a ajouté Sébastien Lecornu. L’objectif prochain de la FEDD est d’ailleurs de créer deux lieux de mémoire, l’un dans la Creuse, l’autre à La Réunion, pour poursuivre la transmission de cette histoire. Le projet est bouclée et Valérie Andanson lance désormais un appel aux financeurs potentiels. 

Revoir le direct de l'inauguration :