Frédéric Vienne, Président de la Chambre d'Agriculture de La Réunion : « Le bœuf moka en voie d’extinction, une race résiliente et adaptée à La Réunion qu'il faut préserver»

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Frédéric Vienne, Président de la Chambre d'Agriculture de La Réunion : « Le bœuf moka en voie d’extinction, une race résiliente et adaptée à La Réunion qu'il faut préserver»

Présent en Guadeloupe à l'occasion du séminaire «Agricultures Ultramarines et changement climatique» co-organisé par l'ODEADOM et Chambres d'agriculture de France, le Président de la chambre d'agriculture de La Réunion Frédéric Vienne a appelé à préserver la race locale réunionnaise, le bœuf moka devant leur nombre en grande diminution.

 

Autrefois utilisé pour le transport de canne à sucre, le cheptel de bœuf Moka s’élevait à plus de 20 000 têtes dans les années 1970, aujourd’hui, seuls 211 animaux sont officiellement identifiés en code 80, code racial Moka pour une douzaine d’éleveurs. «J'ai été alerté en tant que président de la situation de cet élevage du bœuf moka à La Réunion. Il faut le rappeler, ce bœuf a fait l'agriculture de La Réunion depuis plus de 200 ans et aujourd'hui, il est en voie d'extinction, en voie d'éradication », lance Frédéric Vienne le Président de la Chambre d'agriculture de La Réunion. 

Pour rappel, la race a été ajoutée officiellement en 2016 à la liste officielle des races françaises. Mais au fil des années, elle a été peu à peu oubliée au profit d'autres races. « Mes confrères aux Antilles ont fait un énorme travail sur la sauvegarde de leur race locale qui est une race, adaptée aux conditions des outre-mer, mais aussi aux futurs bouleversements climatiques que nous allons connaître». La race créole réunionnaise n'est pas en reste et possède de nombreux points positifs. «C'est un animal très rustique qui se contente de peu en alimentation, qui résiste également aux fortes pressions notamment comme les mouches piqueuses. Le bœuf moka est une race qui est résiliente à la Réunion et adaptée pour qu'on puisse demain travailler sur des croisements comme ils l'ont fait aux Antilles avec leur race locale.».

Pour sauver la race locale, le Président de la Chambre d'Agriculture de La Réunion espère collaborer avec l'INRAE, notamment. En effet, Philippe Mauguin, le Président de l’INRAE a précisé lors du séminaire de l’ODEADOM, sur la nécessité des races locales, plus aptes à faire face aux effets du changement climatique. «Il y aura un gros travail à faire pour identifier toute cette ressource génétique afin de  ne pas la perdre, accompagner de professionnaliser ces éleveurs. On se donne une dizaine d'années pour augmenter ce cheptel, voir le potentiel de ces animaux à La Réunion. Mais avant toute chose, il faut créer une filière, il faut que ces agriculteurs se professionnalisent pour qu'ils puissent avoir accès aux aides qui existent : la prime naisseur pour le veau, la prime allaitante pour la vache entre autres. Ces animaux font partie du patrimoine culturel de La Réunion. Il serait dommage que les générations futures ne puissent pas se servir de ces animaux pour affronter le changement climatique», a conclu Frédéric Vienne, le Président de la chambre d'agriculture de La Réunion.

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