Paru ce mercredi au Journal officiel, la reconnaissance d’état de catastrophe naturelle suite au cyclone Garance à La Réunion est jugée « insuffisante » pour le ministre des Outre-mer, en raison de son périmètre qui « ne reflète pas la réalité des dévastations causées par le cyclone ». L’arrêté a aussi suscité la colère des élus locaux.
L'arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour La Réunion a été publié ce matin, « sur la base des premiers éléments recueillis auprès de Météo France » rappelle le Ministère des Outre-mer dans un communiqué. Toutefois, « le ministre d'État, ministre des Outre-mer, Manuel Valls, considère cette reconnaissance comme insuffisante et n’est pas satisfait par le périmètre des sinistres couverts par l'arrêté car il ne reflète pas la réalité des dévastations causées par le cyclone Garance ».
En cause, le fait que dans l’arrêté, seules les communes de Sainte-Marie et Sainte-Rose, sur le nord et l’est de l’île, sont concernées par le phénomène de « vents cycloniques ». En outre, si l’arrêté cite bien les 24 communes, toutes ne sont pas concernées par l’ensemble des phénomènes cités, à savoir, en plus des vents violents, les inondations et coulées de boue, et inondation par choc mécanique des vagues.
En théorie donc, si un assuré d’une autre commune que Sainte-Marie et Sainte-Rose demande une indemnisation pour une toiture envolée par la force du vent, il peut être débouté par son assureur, le phénomène « vents cycloniques » n’étant pas répertorié dans sa commune. Si les vents ont pu souffler jusqu’à 234 km/h à Sainte-Rose et 213 km/h à Sainte-Marie, d’autres communes de l’est n’ont pas été épargnées. A Saint-Benoît par exemple, les vents ont avoisiné les 200 km/h, et il a été relevé jusqu’à 174 km/h sur l’ouest de l’île.
« Cette distinction ne reflète pas fidèlement la réalité des dommages subis. De nombreuses communes que nous avons visitées avec le Préfet et le Ministre des Outre-mer, notamment dans l’Est de l’île, ont enduré des vents dépassant les 200 km/h, entraînant des destructions majeures » a regretté le président du département Cyrille Melchior. « Ne pas reconnaître l'ensemble des communes pour les « vents cycloniques » dans l’arrêté actuel, crée une inégalité de traitement et complique l’accès aux indemnisations pour les sinistrés concernés ».
« Comment peut-on expliquer à des familles qui ont déjà tout perdu qu’elles ne pourront pas se tourner vers l’État pour se faire indemniser et qu’elles vont devoir s’engager dans des procédures complexes et incertaines avec leurs assureurs et probablement leurs constructeurs ? » s’est interrogé, furibond, le président de l’association des maires de La Réunion Serge Hoareau, qui demande « une révision de cet arrêté afin de prendre en compte la réalité des situations, et la prise d’un arrêté complémentaire sur la base des données qui doivent être remontées par Météo France, notamment sur la puissance des vents cycloniques ».
De son côté, si « le ministre a souhaité la prise rapide de ce premier arrêté pour permettre le lancement des premières indemnisations », il « demande désormais une saisine complémentaire de la commission pour tenir compte de la violence du cyclone, avec des vents pouvant dépasser les 215 km/h selon Météo France ».