La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, entame ce dimanche une visite de deux jours à Mayotte, où elle prévoit de rencontrer secouristes et sinistrés trois semaines après le passage du cyclone Chido. Mme Le Pen doit arriver sur l'île dévastée «en début d'après-midi, par un vol militaire», précise son entourage.
Une fois sur place, «elle rencontrera la sécurité civile, puis ira à la rencontre des habitants», avant «un temps d'échange prévu en fin d'après-midi à Mamoudzou avec des sinistrés». La suite de son programme lundi et mardi n'est pas encore connue, mais «l'objectif est d'aller à la rencontre des sinistrés sur plusieurs points de l'île».
À défaut d'apporter des tonnes d'aide, ou de pouvoir annoncer des mesures comme Emmanuel Macron puis François Bayrou avant elle, cette visite de Marine Le Pen est «un signe de soutien (et) d'affection pour nos compatriotes Mahorais», a affirmé son porte-parole Laurent Jacobelli samedi sur France Inter. L'opposante d'extrême droite entend également exercer «une pression supplémentaire sur le gouvernement», à quelques jours de la présentation d'un projet de loi d'urgence pour Mayotte, avait aussi souligné vendredi le député Thomas Ménagé sur franceinfo.
«Marine Le Pen est très appréciée à Mayotte»
Dans ce département le plus pauvre de France, en proie à une forte pression migratoire venue notamment des Comores voisines, le RN et sa dirigeante ont été plébiscités aux dernières élections présidentielles et législatives.
Le parti à la flamme y a même obtenu en juillet dernier un de ses deux premiers sièges de députés en outre-mer. «Marine Le Pen est très appréciée à Mayotte», où «la population réclame sa descente», assure ainsi l'élue mahoraise à l'Assemblée Anchya Bamana. L'accueil s'annonce donc moins hostile que pour le chef de l'État, chahuté lors de sa venue, quelques jours à peine après la catastrophe. Une prise à partie qu'il attribuera ensuite à «des gens du Rassemblement national».
«Que des élus de cette envergure nationale pensent à nous en ces temps troublés, c'est important», estime ainsi le président du collectif des citoyens de Mayotte, Fatihou Ibrahim. Mais pour d'autres, la présence de Mme Le Pen est au mieux un non-événement. «Je ne vois pas ce qu'elle peut nous apporter en ce moment», juge Anfida, une auxiliaire de vie de 32 ans interrogée vendredi par l'AFP, quand Abou, un employé de TotalEnergies de 28 ans, considère que «tous ces politiciens viennent pour nous bluffer».
Du côté de l'exécutif, Laurent Marcangeli se montre plus conciliant: «Je jugerai sur pièce», déclare le ministre de la Fonction publique dans La Tribune Dimanche, relevant que la finaliste des deux dernières élections présidentielles «n'avait pas tenu de discours caricatural sur la visite du Premier ministre» en début de semaine.
Avec AFP