Après le passage du cyclone Chido, qui a dévasté une grande partie des écosystèmes mahorais, onze organisations environnementales locales et nationales appellent à une restauration urgente, concertée et durable des forêts. Leur note dresse un constat alarmant et propose une feuille de route technique et politique. Précisions avec notre partenaire France-Mayotte Matin.
La destruction des forêts mahoraises, à la suite du passage du cyclone, a fait l’objet d’un rapport établi par onze Organisations Non Gouvernementales Environnementales (ONGE) locales et nationales. Ce document fait suite à la visite, le 16 avril 2025, de la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, Agnès Pannier-Runacher, venue constater les dégâts.
Les auteurs du rapport insistent sur l’urgence d’intégrer la question forestière dans les principaux documents de planification en cours : projet de loi de refondation de Mayotte, schéma d’aménagement régional (SAR) et feuille de route sur la restauration de la nature. Ils regrettent que ces textes stratégiques, présentés comme prioritaires par les pouvoirs publics, omettent souvent les forêts, malgré leur rôle crucial dans la gestion de l’eau, la lutte contre l’érosion et la protection du littoral.
Les écosystèmes forestiers mahorais, composés de forêts humides, sèches, de mangroves et d’agroforêts, couvrent près de 28 000 hectares selon les données croisées de l’ONF et du rapport Biotamaya 2024. Après Chido, les premières analyses satellitaires font état d'une perte massive de canopée, de déracinements et de risques accrus d’invasions biologiques.
Les ONGE proposent une stratégie à plusieurs niveaux : protection stricte des zones à forte capacité de régénération, reboisements ciblés avec des espèces endémiques, réhabilitation des agroforêts traditionnelles, et plans d’action spécifiques pour les mangroves, particulièrement touchées. Elles plaident aussi pour une meilleure coordination entre institutions, scientifiques et population locale.
Le rapport détaille également les besoins techniques et humains pour mener à bien ces chantiers. Il préconise la mobilisation des contrats aidés, du service civique et des forces locales comme le Service militaire adapté (SMA), encadrés par des experts. Une « task force Forêt » pour les territoires ultramarins est même proposée.
Les auteurs rappellent enfin que les forêts jouent un rôle essentiel dans la régulation de l'eau, alors que l'île subit une crise hydrique persistante. « La forêt est le château d’eau de Mayotte », peut-on lire, ce qui appelle à faire de sa restauration une priorité nationale.
Par France-Mayotte Matin